Photographie

Bienvenue dans le monde à Parr

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 juin 2009 - 461 mots

On a tous quelque chose des photos de Martin Parr. Rectification : les images de Martin Parr possèdent toutes un peu de nous tous : cette faiblesse, cet ennui, cette trivialité qui caractérisent le genre humain.

Le photographe britannique, né en 1952, s’ingénie depuis les années 1970 à capter les petits travers et les bassesses de ses contemporains, notamment ceux de ses compatriotes, avec beaucoup de cynisme et d’humour. Du moins l’espère-t-on. « Regardez-vous, semble leur – nous ! – dire le photographe, et regardez autour de vous. Voyez ce que la société a fait de l’homme. Voyez dans quelle société vous vivez. » Dieu merci, le ridicule ne tue pas.

L’histoire commence dans les églises non-conformistes d’Angleterre où Parr va photographier en noir et blanc le comportement des gens venus vivre leur religion. À cette époque, il n’est pas encore le photographe célébré par le milieu de l’art contemporain que l’on connaît aujourd’hui, mais un photojournaliste – membre de Magnum depuis 1994, il l’est toujours – décidé à rendre compte de ses semblables. Là, dès les années 1970, se révèle son goût pour le détail, pas n’importe lequel, celui « qui tue », le gênant.

En cela Martin Parr est un photographe de « l’instant décisif » : il guette le moment où tous les éléments sont réunis pour former une composition narrative ; il traque cet instant où tout le monde se jette avidement sur le buffet de hors-d’œuvre, rappelant que l’homme est un animal comme les autres et qu’il doit se nourrir, à n’importe quel prix. Qui doit s’amuser aussi, comme dans cette série du début des années 1980 – les années Thatcher – où des vacanciers se baignent au milieu des détritus tandis que d’autres prennent le soleil au pied d’une pelleteuse, dans une station thermale près de Liverpool. Qui a mauvais goût enfin, comme dans cette autre travail de la fin des années 1990 sur le motif des fleurs imprimées sur les vêtements, choisies pour décorer les gâteaux, etc.

On n’est donc pas étonné d’apprendre, avec l’exposition du Jeu de Paume, que Martin Parr est un grand collectionneur d’objets en tout genre : montres, cartes postales – il a édité plusieurs livres sur le sujet (photo ci-dessus) –, spoutniks… tant que ces objets « racontent » notre monde, et à la condition qu’ils soient kitsch.

À l’exposition seront également accrochées les séries « Luxury » (sur les démonstrations de richesses dans le monde) ainsi que « Small World » consacrée au tourisme de masse et à ses dérives (photo ci-contre). L’exposition est intitulée « Planète Parr ». Notre planète, en réalité.

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« Planète Parr. La collection de Martin Parr », Jeu de Paume, site Concorde, Paris VIIIe, www.jeudepaume.org, du 30 juin au 27 septembre 2009.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Bienvenue dans le monde à Parr

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