Pas de vacances pour les musées !

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 26 juin 2009 - 826 mots

La culture est un bon remède à la morosité ambiante. Le sixième palmarès des musées et notre sélection d’expositions vont aider les lecteurs de L’œil à mieux organiser leurs visites culturelles et à soutenir ainsi leur moral et la bonne santé des musées.

Malgré ou à cause de la tempête financière puis économique de l’automne dernier, les grandes expositions n’ont jamais autant fait le plein de visiteurs. Que l’on songe, par exemple, aux longues files d’attente de « Picasso et les maîtres » ! Il y a là un bon terrain d’étude pour les psychologues et sociologues : la culture comme antidote à la crise. Mais si les expositions temporaires semblent avoir, pour l’instant, tiré leur épingle du jeu, qu’en est-il des musées proprement dits  ?

Une augmentation de 10 % de la fréquentation
Comme chaque année depuis maintenant six ans, L’œil et Le Journal des Arts réalisent un classement des musées d’art en France selon une enquête extrêmement fouillée avec pas moins de 72 critères. Ce palmarès permet de dresser, région par région, la carte des meilleurs musées à visiter sur son lieu de vacances, qu’il y ait ou non une exposition temporaire.
Mais il permet aussi, compte tenu du nombre très important de répondants, de tirer un bilan de l’activité des musées en 2008. On peut ainsi constater que l’année 2008 a été une bonne année pour ces institutions. La fréquentation des 320 musées ouverts au public formant l’échantillon du palmarès a augmenté de près de 10 %, deux fois plus que la croissance de l’an dernier. La hausse dans les musées parisiens, qui représentent tout de même 73 % du total des visiteurs, est encore plus importante  : 12 %.
La gratuité mise en place dans certaines villes (Nice depuis juillet 2008) à la suite de Paris, Bordeaux, Dijon ou dans le cadre de l’expérimentation menée en 2008 dans 14 musées nationaux n’est pas le facteur le plus important, même si la part des entrées gratuites a légèrement augmenté (près de 37 %). Les 41 millions de visiteurs (dont une bonne part n’habite pas dans la région) s’expliquent donc par une appétence plus grande de nos contemporains, signe notamment encourageant, chez les scolaires.
Un autre indicateur signale la bonne santé des musées  : l’augmentation de 3 % des recettes commerciales. Aux traditionnelles recettes de la billetterie, sont venues s’ajouter les recettes des audioguides, de la librairie, du restaurant, des conférences. Les directeurs managers font feu de tout bois pour pallier la baisse des crédits publics. Un musée sur trois privatise maintenant ses lieux pour des manifestations commerciales. Sans parler du recours croissant au mécénat ou au sponsoring, un supposé Eldorado qui se transforme en périlleuse quête du Graal tant les entreprises sont sollicitées et les musées encore peu à l’aise pour parler avec le privé.
Mais, dans l’ensemble sur une longue période, on constate que la culture entrepreneuriale s’installe progressivement. Si l’on en croit les 150 musées qui n’hésitent pas à communiquer leurs chiffres, leurs recettes commerciales couvriraient 44 % de leurs dépenses de fonctionnement.
Sous l’impulsion des municipalités qui comprennent de plus en plus l’image flatteuse pour la ville que renvoient des musées dynamiques, ceux-ci organisent toujours plus d’expositions, clef de voûte de leur politique d’animation. Les dépenses d’exposition ont bondi de 23 %. Le musée Fabre à Montpellier ou le musée des Beaux-Arts de Lyon font en la matière jeu égal avec les grands parisiens, et dépassent la barre du million d’euros. Les 320 musées dépensent plus pour leurs expositions temporaires (58 M€) que pour acquérir des œuvres d’art (33 M€) comptant sur les dons ou legs pour enrichir les collections (62 M€). Un calcul dicté par la raison, car au fond d’eux-mêmes les conservateurs préféreraient acquérir les pièces qui manquent pour offrir un panorama représentatif de l’histoire de l’art.

Une bonne santé, mais attention au contrecoup de la crise
Reste que les bons chiffres de 2008 tiennent en partie à la temporalité et à l’inertie relative des finances publiques. Les budgets sont votés longtemps à l’avance, et les effets de la crise économique mondiale ne se sont pas fait sentir dès le lendemain de la faillite de Lehman Brothers. Du côté du public, la situation particulière de la France et de ses amortisseurs sociaux freine les restrictions sur les dépenses culturelles.
Mais si la crise dure, alors ici ou là on annulera des expositions, on rognera sur la communication, on ne remplacera pas un départ. Les sponsors habituels, eux-mêmes en difficulté, couperont dans leurs budgets marketing. Le public, affecté par une baisse de son pouvoir d’achat ou inquiet pour l’avenir, hésitera à payer 4, 5, 6 euros ou plus pour entrer au musée. Le manque de confiance dans l’avenir est l’un des ingrédients de la crise actuelle. La coupure estivale peut redonner du moral, relancer la machine et éloigner ce sombre scénario.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Pas de vacances pour les musées !

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