Yves Rocher séduit par le militantisme

L'ŒIL

Le 19 mai 2009 - 553 mots

Après avoir relooké sa marque en 2009, Yves Rocher est le partenaire de l’accrochage « elles@centrepompidou » au Mnam. Son directeur général de la marque nous dit pourquoi cette première.

L’œil : Comment en êtes-vous venu à ce partenariat avec le Centre Pompidou ?
Stéphane Bianchi : C’est par un heureux hasard ! Nous ne sommes pas du tout familiers des mécénats culturels. C’est le Centre Pompidou qui a pris contact avec nous.

L’œil : Qu’est-ce qui vous a décidé ?
S. B. : Le Centre Pompidou défend comme nous des valeurs d’accessibilité, à la beauté pour notre marque, à la culture pour l’institution. Par ailleurs, nous accompagnons depuis toujours des projets soucieux de développement durable et, aujourd’hui, il est évident que la culture en est un aspect non négligeable.

L’œil : L’art contemporain noue plus volontiers des relations de mécénat avec l’industrie du luxe. Comment expliquez-vous ce changement ? Question de contexte économique ?
S. B. : Avant même de parler de l’exposition, quand nous avons rencontré la direction du Centre Pompidou, nous avons parlé des orientations à venir de l’institution. Et nous avons eu le sentiment que le Centre cherchait à faire bouger ses lignes en l’ouvrant au plus grand nombre, notamment par des projets itinérants. C’est là que nous avons trouvé des points de rencontre, au moins autant que dans le propos même de l’exposition. Et c’est sans doute les raisons pour lesquelles le Centre Pompidou nous a fait cette proposition : notre image est une image accessible et militante.

L’œil : Autrement dit, ce n’est pas la « thématique » de l’accrochage qui vous a d’abord intéressé ?
S. B. : Disons que c’est surtout l’idée d’une exposition militante qui nous a convaincus. Nous ne nous serions pas lancés à soutenir une exposition sans parti pris. Il se trouve que nous soutenons et que nous sommes prêts à défendre celui-là. Et il se trouve que le parti pris des femmes est précisément celui de notre marque.
Mais cela n’est pas ce qui nous a amenés à ce mécénat culturel : l’exposition n’avait pas besoin d’être associée exclusivement à des femmes pour nous intéresser. D’ailleurs, nous visons les femmes et leur univers. Et dans l’univers des femmes, il y a souvent des hommes. Nous ne prônons pas un monde sans hommes !

L’œil : Que vous inspire cette histoire de l’art au féminin ? Défendriez-vous les cinq cents œuvres qui font cet accrochage ?
S. B. : Sans doute pas, mais ça n’est pas le propos ! Sans compter que nous défendons justement une beauté singulière, non stérotypée, tout comme l’est cette exposition. De plus, mon opinion importe peu, nous ne sommes évidemment absolument pas intervenus dans le choix des œuvres. Nous avons simplement donné les moyens à cette exposition d’exister.

L’œil : Comprenez-vous que de faire d’une marque cosmétique le partenaire d’un accrochage 100 % féminin puisse être reçu comme un cliché de plus ?
S. B. : C’est une exposition de combat, alors du débat il y en aura forcément et c’est tant mieux. Cela dit, il ne faut pas non plus chercher de la polémique là où il n’y en a pas. Profitons plutôt de ce que le Centre Pompidou nous propose pour constater la richesse de ces œuvres. Faute de quoi, on risque de passer à côté du sujet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°614 du 1 juin 2009, avec le titre suivant : Yves Rocher séduit par le militantisme

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