Richter dans les collections publiques françaises

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 21 avril 2009 - 343 mots

Fidèle à ses engagements du premier jour, Guy Tosatto, le directeur du musée de Grenoble, qui compte parmi les premiers conservateurs à avoir non seulement montré l’œuvre de Gerhard Richter mais à en avoir fait acheter certaines par les différentes institutions où il a travaillé, a choisi de rassembler toutes celles qui figurent dans les collections publiques françaises, à savoir le Fnac, trois Frac et six musées.

Quelle heureuse surprise alors de constater que la France possède de cet artiste allemand un panel des plus importants et des plus significatifs du caractère polymorphe de sa démarche !
Première en son genre, cette réunion – une quarantaine de pièces des années 1960 à 1990 – témoigne de l’acuité du regard de ceux qui ont vu très tôt le rôle phare qu’allait jouer Gerhard Richter, né à Dresde en 1932, sur la scène internationale. Il faut rappeler que l’artiste n’a jamais cessé de mélanger les genres, déclinant volontiers styles et factures les plus opposés. Tableaux photoréalistes et de figures, vues urbaines, grands nuanciers de couleurs, paysages panoramiques, monochromes gris, études de ciels, vanités à la bougie et au crâne, grandes peintures abstraites expressionnistes, etc. : les collections publiques françaises conservent à peu près toutes les manières abordées par l’artiste.
Paradoxalement, cette diversité est la marque même de l’unité de son œuvre. C’est que « la peinture n’a toujours peint qu’elle-même », comme le proclame Richter, suivant en cela l’exemple de Manet qui déclarait en son temps : « La peinture n’est pas autre chose que la peinture, elle n’exprime qu’elle-même. » À l’instar de son aîné, figure de proue de la modernité, Gerhard Richter est celle du postmodernisme tel qu’il s’est développé au cours des dernières décennies. Tel qu’il s’est défini à l’écart de toute catégorisation et de tout sectarisme. De plus, dans une reprise en compte de la possibilité de la peinture à faire sens – encore et toujours – par-delà les vains discours sur son obsolescence.

« Richter en France », musée de Grenoble, 5, place Lavalette, Grenoble (38), www.museedegrenoble.fr, jusqu’au 1er juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : Richter dans les collections publiques françaises

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