William Eggleston

Esprit de Paris, où es-tu ?

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 21 avril 2009 - 378 mots

Les commandes, William Eggleston n’a rien contre.

Au contraire, elles lui offrent des sujets auxquels il n’aurait pas pensé. On se souvient de celle, exemplaire, passée au photographe par la ville de Dunkerque et présentée en 2006 : Spirit of Dunkerque. Là, entre la ville industrielle et le maître de la couleur, la mayonnaise avait pris.
L’Américain revient cette fois à Paris, répondant à l’invitation de la fondation Cartier à photographier la capitale. Eggleston connaît bien la fondation, il y a exposé en 2001 pour sa première rétrospective française. Leur relation est privilégiée puisque Paris constitue, après Déserts en 2000 et Kyoto en 2001, la troisième commande faite à l’artiste par Cartier.
Paris est le fruit de trois séjours passés à déambuler au hasard des rues de la capitale. Muet quand il s’agit de parler de son travail, Eggleston s’est néanmoins déjà exprimé sur sa méthode : se promener sans but, chasser l’image, puis cadrer vite, à l’instinct, et ne déclencher qu’une seule fois. Tant pis si la photo est ratée, ou floue. À l’origine, il s’agissait d’économiser l’épisode harassant de la sélection « du » bon cliché ; depuis, la paresse s’est muée en principe. Et souvent cela fonctionne.
Souvent, mais pas cette fois, du moins pas totalement. Car à côté de petits bijoux, telle cette jambe posée sur les pavés, chaussée de rouge, l’imprimé d’un dessin animé à la mode coincé dans l’angle, ou le reflet vert d’une enseigne sur la chaussée mouillée choisi pour l’affiche de l’exposition, d’autres clichés laissent indifférent, comme cet ouvrier de la voirie, le regard droit vers l’objectif devant la grille du Luxembourg. Sans doute est-ce l’affaire d’une sélection un peu trop large.
Le style Eggleston si identifiable est bien là : le cadrage serré parfois jusqu’à l’abstraction ; le Leica placé haut ou bas, rarement à hauteur d’œil. Mais à Paris, à la différence de Dunkerque, l’alchimie ne s’est pas faite. Et ce ne sont pas les dessins d’Eggleston, empreints de Kandinsky que le photographe admire, qui y changent quelque chose. Paris n’en reste pas moins un événement à ne pas manquer, en attendant la prochaine commande de la fondation.

« William Eggleston, Paris », fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, bd Raspail, Paris XIVe, fondation.cartier.com, jusqu’au 21 juin 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : William Eggleston

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