Alberto et Cléopâtre

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 mars 2009 - 268 mots

Qu’il soit Homme qui marche, la jambe gauche en avant, les bras le long du corps, ou qu’elle soit Femme de Venise, droite comme un I, les deux jambes bien serrées l’une contre l’autre, il n’échappe à aucun regard que les sculptures filiformes de Giacometti tiennent à l’exemple égyptien.

Comme en témoignent nombre de petits dessins qu’il croquait en marge de certains ouvrages que comptait sa bibliothèque, Alberto Giacometti (1901-1966) était passionné d’art égyptien. Non seulement il lui a emprunté l’attitude, le hiératisme et le profilé de ses figures, mais il a su en transposer l’esprit.
Mieux que tout autre, Jean Genet l’a merveilleusement exprimé dans son fameux Atelier de Giacometti (1963). Relatant le sentiment d’effroi qu’il avait éprouvé face à la statue debout d’Osiris qui est au Louvre, il y note : « Certaines statues de Giacometti me causent une émotion bien proche de cette terreur, et une fascination presque aussi grande. » Il y va en effet d’une même intensité dans l’allure, d’un même degré de concentration sur le visage et d’une même existentielle verticalité. De plus, le sculpteur a su trouver dans le traitement même de la matière cette incroyable mesure qui confère à ses figures « cet air, à la fois doux et dur d’éternité qui passe », comme l’a écrit encore Genet.
C’est dire si la confrontation qu’organise le Kunsthaus de Zurich, qui possède la plus importante collection muséale d’œuvres de Giacometti, avec un lot de chefs-d’œuvre issus du musée égyptien de Berlin s’impose comme un moment d’exception.

A voir

« Giacometti l’Égyptien », Kunsthaus, Heimplatz, 1, Zurich (Suisse), www.kunsthaus.ch, jusqu’au 24 mai 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°612 du 1 avril 2009, avec le titre suivant : Alberto et Cléopâtre

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