Le bijou Art déco à la pointe de l’art plastique

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 23 mars 2009 - 332 mots

Nous sommes dans l’entre-deux-guerres. Paris festoie, Paris est la capitale du monde en matière de luxe… L’Art déco triomphe.

Les bijoutiers et les orfèvres tiennent à s’inscrire dans l’esthétique ambiante. Pourtant, en 1928, Jean Després se voit refuser la trentaine de pièces qu’il voulait proposer au Salon d’automne, au motif qu’elles sont trop « modernes ». Si on admire les meubles aux lignes strictes et aux matières rares, cette radicalité absolue dans les bijoux choque.
Les formes sont dérivées de celles des arts plastiques. Les lignes se font géométriques, influencées par les courants artistiques majeurs de l’époque, tels que le Cubisme et le Bauhaus. L’objet de parure est traité comme une sculpture. On révise ses classiques grâce au bijou, un fait rare dans l’histoire ! Ces orfèvres célèbrent aussi la mécanique, comme le fait Fernand Léger dans ses tableaux. Une bague moteur de Jean Desprès, qui disait « Je fais des bijoux rudes, construits… », pourrait par exemple être portée par l’un de ses figurants. L’idée générale est de glorifier la civilisation industrielle en plein essor. Raymond Templier se fait remarquer par son hommage aux Futuristes. Comme eux, il célèbre la vitesse dans ses broches aux diagonales franches.
Mais les années 1920 sont aussi celles de l’émancipation de la femme, qui se coupe les cheveux et commence à travailler. Une salle d’exposition est consacrée à deux des plus brillantes créatrices  de l’époque : Jeanne Boivin et Suzanne Belperron. Elles vont privilégier les bracelets et les bagues dont les volumes s’inscrivent dans l’espace recomposé à chaque instant par les gestes. Elles n’hésitent pas à concevoir des pièces volumineuses et massives, tout en adoubant la richesse de la courbe. Ces formes organiques et sensuelles préfigureront les débuts de la joaillerie des années 1940. Les quelque trois cents pièces de cette exposition en font l’une des premières sur le bijou avant-gardiste de la période Art déco.

A voir

« Bijoux Art déco et avant-garde », musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris Ier, www.lesartsdecoratifs.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°612 du 1 avril 2009, avec le titre suivant : Le bijou Art déco à la pointe de l’art plastique

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