Histoires naturelles

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 23 janvier 2009 - 248 mots

Il faut savoir se perdre dans la campagne poitevine, découvrir dans un lycée agricole un centre d’art unique en son genre, financé par le ministère de l’Agriculture.

Jusqu’à la fin du mois de février, ce sont les Italiens Andrea Caretto et Raffaella Spagna qui envahissent les modestes salles de Rurart. L’installation principale Food Islands fait la part belle au vivant en offrant une version d’un cycle de transformation de la matière. Interroger les matières premières et leurs transformations, voilà le cœur de ce grand rhizome flottant dans l’espace. Ici des choux et des navets du supermarché reprennent de la vigueur au milieu d’un réseau de tuyaux transparents alimentant aussi bien des îles minérales que de petites oasis luxuriantes. Le déploiement technique semble paradoxal tant l’équilibre des fluides reste précaire.
Les artistes essaient de démontrer que pour parvenir à la complexité du fonctionnement de la nature, le dispositif humain est ridiculement disproportionné. Au fil de ce grand mobile organique, on peut découvrir avec délectation de petites merveilles comme la tilanzia, plante qui n’a besoin de rien d’autre que l’air ambiant pour se développer. La radiolarite semble, quant à elle, anachronique dans le système, mais elle a pourtant appartenu au règne animal. Ce sont de telles histoires complexes qui passionnent Caretto et Spagna et irriguent leurs installations si poétiques, démontrant qu’on peut parler de nature sans tomber dans la morale environnementale.

A voir

« Raffaella Spagna & Andrea Caretto », Rurart, lycée agricole Venours, Rouillé (86), www.rurart.org, jusqu’au 22 février 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°610 du 1 février 2009, avec le titre suivant : Histoires naturelles

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