Patrick Faigenbaum

Le temps à l’œuvre

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 16 décembre 2008 - 352 mots

Pensionnaire à la Villa Médicis à Rome de 1985 à 1987, Patrick Faigenbaum, né en 1954 à Paris, en avait notamment rapporté une impressionnante série de portraits photographiques d’empereurs romains.

Réalisés à partir des célèbres bustes du musée du Capitole, ceux-ci semblaient plus vrais que nature et le face-à-face auquel l’artiste nous invitait était d’une rare puissance d’expression. S’il a fait suivre cet ensemble de portraits de familles aristocratiques italiennes, témoignant d’un intérêt soutenu pour la figure humaine, son œuvre ne s’en est pas moins intéressée au fil du temps aux genres les plus variés.
Parcourant l’Europe ici et là, il a notamment multiplié les images de villes comme Prague, Brême, Barcelone ou Beauvais, portant son regard tant sur ce qui a façonné leur identité, leur histoire et leur mémoire que sur ceux qui les habitent. Faigenbaum entretient au temps un rapport singulier dans cette façon qu’il a de vouloir en révéler les strates, ce qui en constitue la subtile épaisseur. Ses images sont fortes d’une présence indicible et troublante qui n’est pas étrangère à cette «    éternité qui passe    », comme le disait Giono des sculptures de Giacometti.
Rétrospective, l’exposition grenobloise est aussi faite de paysages et de natures mortes qui sont chaque fois pour le photographe l’occasion d’un travail très élaboré sur les valeurs et les passages. Patrick Faigenbaum joue avec un rare bonheur des modulations de la lumière et ses images font basculer le contingent dans l’intemporel et l’anecdotique dans l’universel.
Il en est ainsi de l’une de ses dernières séries faites en Sardaigne dans le petit village de Santulussurgiu. Elles en disent long de son amour pour la peinture –    la classique et la moderne mélangées, Caravage et Cézanne également embrassés ! «    Pour imaginer je dois trouver une certaine proximité alors que, au moment de la prise de vue, inversement je dois m’éloigner : ce qui était proche devient lointain et c’est seulement alors que je peux réaliser une image    », dit Faigenbaum. Essentielle question de focale !

A voir

« Patrick Faigenbaum, œuvres 1973-2008 », musée de Grenoble, 5, place Lavalette, Grenoble (38), www.museedegrenoble.fr, jusqu’au 1er février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : Patrick Faigenbaum

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