Napoléon l’Égyptien

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 16 décembre 2008 - 333 mots

Comment transformer une défaite militaire en un brillant succès ?
Tel pourrait être le sous-titre de l’exposition « Bonaparte et l’Égypte » à l’Institut du monde arabe.

 L’Égypte fait alors partie de l’Empire ottoman, mais ce sont les Mamelouks et leur conseil, le Diwan, qui détiennent le pouvoir. Cette trame historique étant résumée sur les murs, les deux adversaires sont présentés à travers des objets de leur vie quotidienne.
Voici un brasero en bronze, là des tables à thé et de précieux coffrets finement sculptés, incrustés de nacre. Un bel ensemble de Corans calligraphiés en noir et or souligne l’importance de la religion musulmane. Pour La Mecque, un tissu noir brodé d’argent (la kiswa) rappelle la pierre sacrée, la kaaba, but du pèlerinage. Enfin, les Janissaires, soldats d’élite de la garde du sultan, font l’objet d’une brillante reconstitution, un mannequin grandeur nature en armes.
Mais, en 1798, voici l’envahisseur, le jeune général Bonaparte sur son bateau-amiral L’Océan, décidé à couper aux Anglais la route des Indes. Ses cinquante quatre mille hommes sont doublés d’une autre armée, plus pacifique, cent soixant-sept des plus grands savants de l’époque en sciences, mathématiques, histoire naturelle et médecine. Il y a là Monge, Berthollet, Saint-Hilaire, Vivant-Denon, avec des tonnes de matériel scientifique.
Guerre, science et civilisation doivent aller de pair. On admire la rigoureuse précision des instruments scientifiques en laiton à côté des délicates fleurs séchées d’un herbier de Redouté. Chaque savant s’efforce d’arracher au sol des souvenirs du passé. L’égyptologie sort de terre. Monumentale publication, la Description de l’Égypte en vingt tomes grand format paraît de 1809 à 1828.
On oubliera vite cette guerre perdue, bien que la Pierre de Rosette, qui devait permettre à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes, soit restée le fleuron du British Museum. Les salons de l’empire se meubleront en style « retour d’Égypte » et les peintres seront séduits par l’orientalisme.

A voir

« Bonaparte et l’Égypte », Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris Ve, www.imarabe.org, jusqu’au 29 mars 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : Napoléon l’Égyptien

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