Livre

F. Colin-Goguel : L’Image de l’amour charnel au Moyen Âge

Du sexe au Moyen Âge

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 28 octobre 2008 - 399 mots

Le titre est racoleur, tribut au marketing, mais induit en erreur sur le contenu réel de l’ouvrage. Il ne s’agit pas là d’un de ces multiples livres qui fleurissent à l’approche de Noël et qui, sous couvert d’art, permettent de se rincer l’œil. Et même si telle eut été son intention, l’auteur aurait été bien en peine de publier des images médiévales érotiques.

Le religieux domine l’époque. Depuis saint Augustin (354-430), le péché de chair est considéré comme le péché capital, le péché originel, celui que commirent Adam et Ève. Toute la société médiévale s’organise donc autour du contrôle de la libido. Car l’acte sexuel est limité dans le cadre du mariage et pour les besoins de la procréation. Et encore, certains jours de l’année, sans que la femme éprouve du plaisir, ni même que l’homme ne voit sa femme nue. Le pénitentiel de Burchard de Worms au xie siècle prévoit trois ans de pénitence pour un mari qui se serait lavé avec sa femme, nue.

La Vierge, Adam et Ève, etc.
C’est tout cela que nous raconte l’historienne de l’art Florence Colin-Goguel dans un ouvrage très agréable et très convenable, où l’on entre par l’image, le texte servant de commentaire. Et pourtant l’auteur semble avoir eu du mal à trouver des illustrations pour son sujet. C’est à travers la représentation d’Adam et Ève, de la Vierge, des damnés de l’enfer… que se dessine en creux le discours médiéval sur l’amour charnel. Et c’est dans les recoins des enluminures ou des vitraux que se logent ces représentations.
La misogynie est le corollaire de l’interdiction de fornication. La femme séductrice et tentatrice est la source du mal pour toutes ces communautés de moines et de religieux plus ou moins chastes, dans lesquelles sont élaborés les programmes iconographiques.
L’auteur a fait le choix d’un plan thématique, sans doute le plus adapté aux contraintes iconographiques. Pourtant, comme elle le souligne elle-même, il y a un monde entre la Bible de Moutier-Grandval (840) et le célèbre sein d’Agnès Sorel peint par Fouquet en 1450. Le Moyen Âge n’est pas uniforme et il manque une chronologie du discours sur l’acte sexuel. L’histoire du vêtement qui, de tunique longue unisexe, se raccourcit progressivement pour laisser apparaître des hauts-de-chausses moulants, pour les hommes bien sûr, en est l’un des savoureux exemples.

F. Colin-Goguel, L’Image de l’amour charnel au Moyen Âge, Le Seuil, 192 p., 45 euros.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : F. Colin-Goguel : L’Image de l’amour charnel au Moyen Âge

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