La reconnaissance tant attendue de la France

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 27 octobre 2008 - 490 mots

Curieusement, Van Dyck, peintre important du XVIIe siècle flamand, n’avait jamais bénéficié d’une exposition majeure en France.

Sa présence s’était résumée jusque-là à quelques expositions thématiques ou à la présentation de tableaux dans le cadre de sujets plus vastes, telle la grande exposition « Le siècle de Rubens dans les collections publiques françaises », organisée au Grand Palais en 1977. De ce fait, il demeure un artiste relativement ignoré du grand public, qui ne connaît de lui que les impressionnants grands formats du Louvre, dont le Portrait de Charles Ier d’Angleterre à la chasse (vers 1635).

La première pierre d’une étude qui reste à faire
Les choses vont peut-être enfin changer grâce à cette exposition conçue par le musée Jacquemart-André. Car pour ses commissaires, Alexis Merle du Bourg, histoirien de l’art, et Nicolas Sainte-Fare Garnot, le directeur du musée, Van Dyck est à n’en pas douter l’un des plus grands portraitistes après Titien, à qui le Flamand vouait une admiration sans bornes. « Dès qu’il en aura les moyens, Van Dyck achètera quelques-unes de ses œuvres », note Alexis Merle du Bourg. Une visite des salles du musée du boulevard Haussmann, au parcours sobrement chronologique, suffit en effet à s’en convaincre. L’ensemble regroupe plus de trente tableaux et une dizaine de dessins, mais le Louvre qui en conserve pourtant un nombre important n’a prêté qu’une seule œuvre. « Les grands formats n’étaient pas adaptés aux salles du musée », précise encore le commissaire. Mais le milieu des historiens d’art bruisse de quelques rumeurs, dont une disant que le Louvre n’aurait jamais facilité l’étude de ses Van Dyck, bloquant, par là même, les études françaises sur la peinture flamande, aujourd’hui indigentes… En abordant le peintre sous le prisme unique du portrait, le musée Jacquemart-André n’entend donc pas, pour sa part, faire le tour du sujet, mais simplement rouvrir le dossier Van Dyck, dont il restera encore à exposer les tableaux d’histoire.

Questions à... Alexis Merle du Bourg, co-commissaire de l’exposition

Van Dyck n’a jamais fait l’objet d’une grande expo en France. Pourquoi ?
Il a déjà fait l’objet de quelques expositions, anciennes, mais celles-ci étaient consacrées uniquement à sa série de portraits gravés. Van Dyck est peu visible car, hormis le Louvre, peu de musées français conservent ses œuvres.

Est-ce à dire que les Français ne s’intéressent pas à son art ?
Non, car les Français ont nourri une passion très ancienne pour le peintre. De nombreux tableaux de l’exposition ont appartenu au cours de leur histoire à des collectionneurs français. Mais cet intérêt a décliné au xixe et, depuis, l’art flamand et hollandais est peu étudié en France.

Pourquoi ne l’avoir abordé que sous l’angle du portrait ?
Il est vrai que Van Dyck lui-même se considérait comme peintre d’histoire. Mais il est l’un des plus grands portraitistes après Titien ! Il s’agit, de plus, d’un sujet approprié pour le musée Jacquemart-André, qui conserve deux très beaux portraits de Van Dyck.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : La reconnaissance tant attendue de la France

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