Art ancien

Des prêts exceptionnels

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 26 septembre 2008 - 349 mots

Il ne faut pas bouder son plaisir. Réunir autant d’œuvres d’Andrea Mantegna dans le cadre d’une exposition temporaire est un événement qui risque de ne plus se reproduire, tant les prêts de ces peintures, si fragiles, sont difficiles à obtenir.

Alors certes, les esprits chagrins regretteront l’absence du saisissant Christ mort, conservé à la Pinacothèque Brera de Milan. « Je ne l’ai même pas demandé ! », explique Dominique Thiébaut, conservateur général au musée du Louvre et commissaire de l’exposition. L’idée aurait été malvenue quand on sait à quel point le Louvre, sauf exceptions notoires, affiche une sévérité sur la question des prêts de ses œuvres.
Le célèbre tableau avait de plus fait l’objet d’une triste controverse en 2006, alors que l’Italie célébrait à Padoue, Mantoue et Vérone le cinquième centenaire de la mort de Mantegna. Vittorio Sgarbi, président du Comité de célébration et ancien ministre des Biens culturels, avait alors imposé aux conservateurs de la Brera, contre leur avis, son déplacement de Milan à Mantoue.

De la collection de la Reine d’Angleterre
Prévue de longue date, l’exposition du Louvre a été volontairement organisée après ces célébrations italiennes, « afin que les œuvres soient disponibles », précise Dominique Thiébaut. Lancées dès le début des années 2000, les négociations pour les prêts ont été âpres, les musées étant peu enclins à se séparer de ces tableaux qui constituent souvent les pièces phares de leurs collections.
Dominique Thiébaut s’est donc concentrée sur quelques demandes tout aussi prestigieuses que le tableau de Milan, notamment auprès des institutions britanniques. La National Gallery de Londres a ainsi consenti à se séparer de son Agonie au jardin des Oliviers (vers 1460), seconde version d’un panneau conservé à Tours (p. 55).
Le morceau de bravoure reste toutefois l’accord obtenu de la reine Elizabeth II d’Angleterre pour faire venir l’un des tableaux de la série des Triomphes de César, qui n’ont jamais quitté l’Angleterre depuis le xviie siècle (Les Porteurs de vases, avant 1506). Mais malgré ces prouesses, l’exposition n’a été rendue possible que grâce au nombre important d’œuvres de Mantegna conservées dans les collections publiques françaises.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°606 du 1 octobre 2008, avec le titre suivant : Des prêts exceptionnels

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