Art contemporain

Indiana hors normes

Par Eric de Chassey · L'ŒIL

Le 1 juillet 1998 - 269 mots

Certaines des images créées par Robert Indiana dans les années 60 ont acquis une telle diffusion qu’on en oublie qu’elles ont eu un premier auteur. 

Les motifs y sont empruntés au monde de la publicité et de la typographie : mots à l’échelle démesurée, assemblage de formes géométriques simples qui font songer aux décorations des flippers et autres machines à sous. Les couleurs y sont posées en aplats directs et efficaces, qui permettent de comprendre comment cet artiste a pu être proche, dans le New York de la fin des années 50, d’artistes résolument abstraits comme Ellsworth Kelly ou Agnes Martin. Ce vocabulaire, mis au point à partir de 1960, permet à Indiana de peindre des tableaux ou de réaliser des assemblages qui combinent signes et mots pour réintroduire dans l’art moderniste une volonté narrative qui avait voué à la marginalité les tentatives antérieures d’un Marsden Hartley ou d’un Stuart Davis. Indiana devient ainsi l’une des figures du Pop Art, dont le séparent cependant les réminiscences de la grande poésie urbaine américaine – celle de Walt Whitman par exemple. C’est avec Love, en 1966, qu’il invente une image qui, quoique universelle, lui restera autant attachée que Marylin Monroe à Warhol. Symbole de cette époque, elle connaîtra toutes les transpositions, jusqu’à être reprise sur deux modes opposés au début des années 90 : par les activistes de General Idea qui la transposent en un AIDS/SIDA plus approprié à notre temps, et par la poste américaine, qui en fait un timbre dans le cadre des séries annuelles dédiées aux fêtes populaires.

NICE, Musée d’art moderne et d’art contemporain, jusqu’au 26 octobre.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°498 du 1 juillet 1998, avec le titre suivant : Indiana hors normes

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