La Basilicate à l’heure grecque

L'ŒIL

Le 1 juillet 1998 - 385 mots

Encastrée entre la Campanie, la Calabre et les Pouilles, possédant deux petites façades maritimes, l’une sur la mer ionienne, l’autre sur la Tyrrhénienne, la montagneuse Basilicate est sans doute la plus méconnue des régions italiennes.

Pourtant, dans l’Antiquité, elle accueillit Pythagore et son école. A l’époque romaine, elle vit naître le poète Horace. Au XIIIe siècle, Frédéric II, roi de Sicile et empereur d’Allemagne, y édifia d’imposants châteaux qui dressent toujours contre le ciel leurs falaises de pierre. Plus près de nous, elle fut le refuge de Carlo Levi, l’auteur du Christ s’est arrêté à Eboli. Fruit d’un partenariat entre la région de Basilicate et les musées de Strasbourg, à l’initiative de l’Institut italien de cette ville, l’exposition présentée à l’Ancienne Douane se concentre sur un aspect brilllant de ce riche passé historique : la présence grecque dans ce territoire qui, englobé dans la Grande Grèce, allait connaître son apogée entre les VIe et IVe siècles avant J.-C. L’oracle de Delphes a-t-il contribué au départ massif des colons grecs vers la Sicile et l’Italie du Sud ? On n’en est plus si sûr aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est qu’ils y trouvèrent de grands domaines cultivables. Situé au milieu d’une vaste plaine fertile, le site de Métaponte symbolise encore aujourd’hui cette richesse agricole. On y voit le plus monumental des vestiges grecs de la région, le temple d’Héra, dit « les Tables palatines », dont la double rangée de colonnes doriques se dresse en plein champs. A Strasbourg, quelque 2 000 objets, armes, vases, parures, sont mis en scène par Italo Rota. Certains, encore inédits, proviennent des fouilles les plus récentes. Des ensembles funéraires exceptionnels comme la tombe de cette petite « princesse » de sept ans, découverte à Vaglio, évoquent de manière saisissante l’art et les coutumes des peuples italiques, tandis que les vases à figures noires ou rouges, les strigiles de bronze et de merveilleux bijoux d’or ou d’argent filigranés reflètent le rayonnement le la Magna Grecia. Cette hellénisation n’eut pas que des conséquences artistiques. Dans leurs tombes, les morts auparavant accroupis purent enfin s’allonger, une position tout de même plus confortable pour goûter le repos éternel.

STRASBOURG, Ancienne Douane, jusqu’au 15 novembre, catalogue bilingue italien-français. A lire sur la région : le tout nouveau guide « Basilicata » du Touring Club italien.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°498 du 1 juillet 1998, avec le titre suivant : La Basilicate à l’heure grecque

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque