Ter Borch grand reporter

« Quelle raison un peintre hollandais a-t-il de faire un tableau ? Aucune et remarquez qu’on ne la lui demande jamais. Un paysan au nez aviné vous regarde avec son gros œil et vous rit à pleines dents en levant un broc : si la chose est bien peinte, elle a son prix .» Ces lignes d’Eugène Fromentin, tirées de ses célèbres Maîtres d’autrefois (1876) méritent au moins un démenti. En 1648 : la guerre de Trente ans, succession de conflits politiques et religieux qui avaient ensanglanté l’Allemagne, prenait fin. La signature du traité de paix à Münster, le 15 mai de cette année, valait d’être immortalisée. Figuraient justement parmi les témoins de cet événement historique un peintre, Gerard Ter Borch (1617-1681), célèbre pour ses intérieurs hollandais bien astiqués, où officiaient galants militaires et dames faisant de la musique et autres gracieusetés. L’artiste, qui avait déjà à son actif plusieurs séjours à l’étranger, faisait partie de la suite du délégué de la Hollande, Adriaen Pauw. Outre la représentation de ce moment solennel – le tableau est conservé à la National Gallery de Londres – , il escomptait de son séjour à Münster où affluaient les diplomates, des commandes de portraits. Dans Le Serment de la ratification du traité de Münster, il représente les émissaires des Provinces–Unies levant l’index et le médium de la main droite tout en prononçant les paroles « Dieu nous aide ». Les représentants du roi Philippe IV d’Espagne devaient quant à eux baiser une croix d’argent. La scène se déroule dans la salle du conseil de l’hôtel de ville de Münster, aujourd’hui connue sous le nom de Salon de la paix. L’écrin représenté sur la table, ainsi que le traité lui-même, et, bien sûr, le tableau sont présentés à l’exposition de La Haye, entourés des portraits et dessins exécutés par Ter Borch à Münster.