Histoire du portrait en cire

L'ŒIL

Le 1 septembre 1998 - 234 mots

Érudit viennois, Julius Von Schlosser (1866-1938) rédigea le célèbre et si utile manuel sur La Littérature artistique (1924, traduit en 1984 chez Flammarion), somme des sources d'histoire de l'art, et élabora, en même temps, une théorie esthétique grâce à l'étude rapprochée de domaines dits mineurs. C'est ainsi qu'il appelait la sculpture de cire “un recoin de l'histoire de la culture”. Ce “recoin” donna pourtant naissance à un texte publié en 1911, dans lequel le moulage en cire sur les morts et sur les vivants est analysé dans un cadre historique et anthropologique. Cette technique participa aux rites païens de l'Antiquité romaine, se multiplia dans les sculptures votives de la Renaissance et dans les cabinets de curiosités du XVIIIe siècle. Mais, au XIXe, la figuration en cire eut une rivale implacable. L'instantanéité de la photographie acheva ce que la théorie du classicisme avait toujours combattu : le réalisme de la cire, seconde enveloppe corporelle parfois effrayante. Schlosser montre que cette pratique culturelle rejoint les préoccupations majeures de l'art du portrait : comment atteindre la ressemblance parfaite ? Comment garder la personnalité d'un corps absent ? Il faut saluer cette édition qui complète la traduction de Schlosser par un bon appareil critique – notamment la postface de Thomas Medicus sur La Mort à Vienne – ainsi que par l'évocation des usages funéraires des derniers Habsbourg et du contexte intellectuel de l'école viennoise d'histoire de l'art.

Macula, 235 p., 92 ill., 180 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°499 du 1 septembre 1998, avec le titre suivant : Histoire du portrait en cire

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