Jawlensky ou le visage promis

L'ŒIL

Le 1 septembre 1998 - 255 mots

Le livre consacré par Itzhak Golberg au peintre d'origine russe Andreï von Jawlensky ne se présente pas comme une monographie purement informative, mais comme une étude dont l'ambition est de mettre au jour une figure sous-estimée de l'histoire de l'art. Le “strapontin” qui, au dire de l'auteur, est réservé habituellement à cet artiste résulterait d'une conception de la modernité aussi réductrice que totalitaire, élaborée par la personnalité combative de Kandinsky et récupérée telle quelle par les exégètes de l'art d'avant-garde. Connu essentiellement en tant que "compagnon de route" de son célèbre compatriote durant les années munichoises (1896-1914), Jawlensky n'en a partagé en effet ni le tempérament de stratège, ni l'engagement théorique en faveur de l'abstraction. Dès lors, Goldberg s'est intéressé aux différents décalages existants entre ce qu'il n'hésite pas à définir comme une “norme” instaurée par les grands systèmes de l'art non-figuratif et les caractéristiques de la création de Jawlensky : le refus du discours, le respect relatif de la division des genres, l'attirance pour une forme archaïque de la représentation – celle de l'icône –, et enfin, la résistance à l'idée d'un progrès linéaire de l'art au profit d'une construction cyclique de l'œuvre. Attentif à défier les poncifs et la tendance à la catégorisation de l'histoire de l'art, l'auteur ne se prive pas pour autant de convoquer Monet, Delaunay et Schönberg à propos de la série, Warhol à propos de l'icône, ni de céder à la tentation chirurgicale, proposant de diviser l'avant-garde entre “formalisme” et “expressionnisme”.

L'Harmattan, 253 p., 40 ill. dont 38 en couleur, 130 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°499 du 1 septembre 1998, avec le titre suivant : Jawlensky ou le visage promis

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