L’œuvre de Jean Gorin avait lentement sombré dans un oubli relatif depuis sa disparition en 1981. Le centenaire de sa naissance constitue donc une occasion inespérée de jeter un peu de lumière sur un homme considéré dans les années trente comme l’un des artistes et théoriciens les plus importants de sa génération. Deux lieux, le Musée de Grenoble et la galerie Lahumière à Paris, proposent un hommage complémentaire et vibrant. Au Musée de Grenoble le parcours s’articule autour de la très belle donation Suzanne Gorin, effectuée en 1989. En 1926, le jeune Jean Gorin découvre le purisme de Jeanneret puis le néoplasticisme de Mondrian et de Van Doesburg. Durant près d’une décennie, les lignes droites orthogonales et les plans de couleurs primaires constituent les principaux éléments de ses toiles. Très vite, et l’accrochage le démontre avec une grande justesse, son évolution le conduit à intégrer la diagonale, élément plus dynamique. À la même époque, il produit les reliefs à l’abstraction rigoureuse qui établiront sa renommée. Les formes et les couleurs s’expriment dès lors librement dans l’espace. En 1947, au premier Salon des Réalités nouvelles, il expose des architectures spatiales, simples tiges noires avec inclusion de plans colorés. Peintures et constructions abstraites sont également présentées sobrement à la galerie Lahumière. Ces pièces rares de « qualité musée », liées à son engagement dans le groupe Espace au côté de Del Marle, sont de véritables manifestes pour une synthèse entre les arts et l’architecture. À travers ces deux expositions, le visiteur redécouvre un artiste théoricien un peu rapidement relégué en marge de la grande Histoire de l’art. Enfin, saluons la publication de la nouvelle collection de catalogues du Musée de Grenoble. Celui consacré à Jean Gorin est exemplaire par sa simplicité et son économie de moyens.
GRENOBLE, Musée de Grenoble, jusqu’au 3 janvier, cat. éd. RMN, 48 p., 46 ill., 95 F, et PARIS, galerie Lahumière, jusqu’au 17 novembre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La diagonale dynamique de Gorin
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°501 du 1 novembre 1998, avec le titre suivant : La diagonale dynamique de Gorin