Hugo, les clichés de l'exil

L'ŒIL

Le 1 novembre 1998 - 250 mots

« C’est la lourde et pâteuse lithographie qu’il faut tuer par la main de sa sœur, (...) infiniment plus belle, la photographie. C’est donc la révolution photographique que nous voulons faire ». Victor Hugo est l’une des rares figures du XIXe siècle, avec Delacroix, à avoir compris les enjeux de la photographie, ses possibilités esthétiques et son poids politique. S’il ne l’a jamais pratiquée lui-même, il nourrit sans cesse de nombreux projets autour de cet art naissant, ceux d’illustrer ses écrits politiques ou ses œuvres romanesques. Pendant ses trois années d’exil à Jersey – fuyant les foudres du Second Empire, après la publication de Napoléon le Petit ou de Châtiments – Victor Hugo pousse ses fils Charles et François-Victor ainsi que son fidèle disciple Auguste Vacquerie à réaliser plusieurs centaines de clichés, auxquels il prête son imposante silhouette ou ses conseils avisés de metteur en scène. Des portraits immortalisés de l’écrivain, fixant l’objectif de son lourd regard mélancolique, des régions désertées, baignées dans la froideur hivernale, des paysages rocailleux animés de ruines gothiques et saisis dans des contrastes clair-obscur saisissants... autant de photographies où plane le romantisme du génie hugolien. Le Musée d’Orsay présente les plus beaux souvenirs de cet atelier insulaire, tandis que la Maison de Victor Hugo, dans une ambiance tout aussi anglo-normande, évoque le travail du photographe Edmond Bacot à Guernesey, où Victor Hugo poursuivit son exil dans les années 1860.

Musée d’Orsay et Maison de Victor Hugo, jusqu’au 24 janvier, cat. RMN/Paris Musées, 224 p., 224 ill., 250 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°501 du 1 novembre 1998, avec le titre suivant : Hugo, les clichés de l'exil

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque