Suzanne Laffont, Pierre Soulages

Depuis peu, les éditions Hazan produisent d’audacieuses monographies d’artistes contemporains où la qualité de reproduction des œuvres répond à des textes critiques d’une grande pertinence. Ce pari risqué – les artistes bien qu’importants restent peu connus du grand public – repose également sur une étroite collaboration entre l’auteur, l’artiste et l’éditeur, créant de ce fait des ouvrages proches du livre d’artiste. De ce point de vue, le Suzanne Laffont de Paul Sztulman est une réussite. Le texte clair permet de mieux appréhender la pensée spéculative de cette photographe hors normes et souvent incomprise. Des images que l’on pensait totalement hermétiques et théâtrales trouvent soudain une nouvelle clarté dans la description minutieuse d’une pratique artistique vécue, par cette artiste, comme un mode de relation privilégié avec le monde sensible. Dans un domaine radicalement différent, le très attendu troisième tome (1979-1997) de l’Œuvre complet de Pierre Soulages est enfin disponible grâce à la ténacité de Pierre Encrevé. Exceptionnel, ce catalogue raisonné l’est à plus d’un titre. Le soin maniaque apporté à cette folle entreprise – reproduire les peintures – trouve son pendant dans une mise en page luxueuse et aérée destinée à mettre en valeur les travaux de l’artiste. Chaque toile est accompagnée d’une courte notice discrète. Et c’est en cela que réside la magie de ce livre, dans ce temps que l’on prend à feuilleter les pages, s’arrêtant sur telle reproduction, revenant sur une autre, sans cesse émerveillé par cette exigence picturale qui, d’œuvre en œuvre, encercle une matière miraculeusement vivante.