Le bijou Art Nouveau en Europe

Si l’esthétique Art Nouveau a cherché à répondre au défi de « l’art dans tout, l’art pour tous », les innovations apportées dans la création du bijou à cette époque reflètent vis-à-vis de cet idéal démocratique la même ambivalence que les œuvres d’architecture et d’arts appliqués : la résistance au système de production en série au nom de l’exemplaire unique, le refus de la spécialisation de l’artiste dans un savoir-faire cloisonné, expriment la nostalgie d’un « art total » issu d’une maîtrise artisanale des techniques. Parmi les tous premiers dessinateurs de bijoux Art Nouveau figurent ainsi des architectes de premier ordre tels Henry van de Velde ou Charles Rennie Mackintosh. L’attrait de cet ouvrage réside dans son iconographie considérable et soignée. Celle-ci permet de suivre l’infléchissement des pratiques de l’orfèvrerie, de la bijouterie et de la joaillerie sous l’influence d’un style qui aspire à les confondre. Malgré les mérites d’un vaste panorama – où sont inclus les pays d’Europe de l’Est et les pays scandinaves – on peut regretter que cette collecte précieuse de documents fasse l’objet d’un commentaire parfois généraliste à l’excès. Le discours reste tristement allusif sur deux questions pourtant spécifiques au langage de l’Art Nouveau : le mélange des genres, comme dans le bracelet-bague créé par Mucha pour Sarah Bernhardt ou dans des hypothétiques broches animées de Lalique, et la tendance des architectes et des décorateurs à intégrer la conception de parures féminines dans le design total de l’environnement quotidien, une attitude porteuse d’avenir.