Quand les animaux parlent aux artistes

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 mars 1999 - 252 mots

Contrairement à une idée reçue, le genre animalier qui a fait fureur au cours du XIXe siècle n’en a pas moins continué de préoccuper les artistes tout au long de celui qui s’achève. Et cela, tout particulièrement en matière de sculpture. De Pompon à Flanagan en passant par Picasso, Calder, Richier, Giacometti, César et bien d’autres, l’art du XXe siècle compte en effet une production d’œuvres animalières nombreuses constituant un lieu privilégié d’expérimentations. L’animal y est abordé non plus selon les principes de la mimesis mais selon des modalités plastiques qui en transgressent les codes de représentation. Tantôt les uns en usent sur un mode détourné comme d’un vecteur à l’expression d’un sentiment de l’âme humaine, tantôt les autres s’en servent de façon ludique pour constituer de savantes compositions formelles. « Je me suis senti comme un chien. Alors, j’ai fait cette sculpture » racontait volontiers Giacometti à propos du chef-d’œuvre qu’il réalisa en 1951. Accroupi sur le tapis, Calder manipulait quant à lui de ses grosses pattes tout un bestiaire d’une extrême fragilité. Et si la Tête d’orang outang de Pompon montre un regard fixe étrangement humain, les lièvres et les éléphants de Flanagan rivalisent d’équilibres inattendus. L’exposition de la Monnaie rassemble ainsi une cinquantaine d’œuvres ne manquant ni de tendresse, ni d’humour, ni de violence, parce que le prétexte qu’est l’animal offre aux artistes qui s’en saisissent l’assurance d’une rare force d’expression. Sans compter l’intéressant dialogue qui s’instaure entre l’artiste et son modèle.

Hôtel de la Monnaie, 25 mars-23 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Quand les animaux parlent aux artistes

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