Sovak entre en force à l’Albertina

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 mars 1999 - 324 mots

Confronté à la frénésie d’un monde toujours plus rapide, un artiste s’est arrêté, prenant le temps d’aller au bout de sa méditation sur le monde, interrogation vouée à rester sans réponse. Cet artiste, Pravoslav Sovak, de gravures en dessins toujours recommencés, projette sur le papier un univers fantomatique, paysages voilés d’épaisses brumes, propres à poser les questions fondamentales concernant la situation de l’homme sur terre, problème d’autant plus douloureux pour Sovak que durant toute sa vie, il a été à la recherche de ses racines. « Mon caractère, a-t-il dit, a été entièrement façonné par le vaste pays de mon enfance, maintenant si loin et cependant toujours présent ». Né en Bohème en 1926, artiste déjà connu en 1968, il quitte Prague en août, après le « printemps de Prague » et l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie. Depuis lors, l’exilé vit en Suisse mais voyage et séjourne régulièrement aux États-Unis, dont les différents paysages, déserts et gratte-ciel, ont nourri son inspiration. Sovak n’a jamais transcrit ces visions de manière réaliste. Sa technique repose sur des combinaisons d’images, sorte de collages, réponses à des questions non formulées d’autant plus mystérieuses que les images sont voilées par le procédé du « tramage » adopté depuis 1970. L’artiste justifie ce choix par le fait que notre vision est influencée par ce même procédé utilisé par la photographie et la télévision. De collage en tramage, l’univers poétique de Sovak se révèle avec lenteur. L’artiste n’a pas cherché à produire en quantité, mais la qualité de ses œuvres a retenu l’attention de l’Albertina de Vienne. Grâce à Werner Hofmann et au soutien de plusieurs mécènes, cette institution a pu acquérir l’ensemble de l’œuvre graphique de Sovak entre 1958 et 1995, soit 337 gravures. Une exposition en présente maintenant une partie au public malgré la fermeture temporaire du musée pour travaux.

VIENNE, Graphische Sammlung Albertina, jusqu’au 28 mars, cat. 200 p. 165 ill. coul.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Sovak entre en force à l’Albertina

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