Michel Aubry fait l’ouverture

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 avril 1999 - 255 mots

Sinon en fanfare, c’est du moins au son des instruments peu banals de Michel Aubry que Noisy-le-Sec a choisi d’inaugurer les locaux d’un nouveau centre d’art. Question parti pris, la note est donnée !
Depuis une dizaine d’années, Aubry développe en effet une œuvre inédite et singulière qui relève d’une démarche conceptuelle cultivant tradition et modernité d’une part, musique et arts plastiques de l’autre. Ses sculptures et ses installations qui mettent en jeu des anches en bambou réalisées selon les techniques ancestrales des instruments sardes exploitent tout aussi bien les ressources des technologies les plus en pointe. Envisagées comme autant de situations proprement fonctionnelles, les œuvres de Michel Aubry en appellent au mode interactif, invitant le regardeur à produire lui-même des sons. Leur conception et leur mise en œuvre formelle procèdent d’une réflexion sur les relations entre espace et son dans le contexte d’une « investigation perceptuelle » visant à réactiver les termes d’une mémoire.
À Noisy-le-Sec, Michel Aubry a notamment imaginé une Salle d’armes réunissant toutes sortes d’objets en référence à des faits guerriers, objets réinvestis par lui dans son travail et dont l’organisation renvoie aux modes de présentation ordinairement utilisés dans les musées d’histoire. Articulée selon quatre types – les rondaches, les cannes, les gilets pare-balles et les camouflages – cette salle met en évidence ce qu’il en est tant de la violence passée suggérée par un tel contexte que la dimension trop souvent oubliée du corps qui en est l’enjeu central. Entre esthétique et éthique humaniste.

Noisy-le-Sec, La Galerie, jusqu’au 7 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : Michel Aubry fait l’ouverture

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