De la décoration

L'ŒIL

Le 1 avril 1999 - 234 mots

Certains se souviennent de la récente exposition, « L’Envers du Décor », consacrée à la dimension décorative dans l’art du XXe siècle (L’Œil n°501). La louable intention des commissaires, – expliquer une notion relativement disparate, – s’était heurtée à un montage visuel des œuvres assez décevant. Une autre exposition sur le même thème vient d’ouvrir en Espagne. Moins historique, De coraz(i)ón se veut avant tout une traversée de l’art abstrait de ces trente dernières années. Plusieurs ensembles issus des positions des années 70 sont repérables : BMPT, Support/Surface, les peintres néo-géo. Mais l’intérêt de cette exposition réside dans le choix des artistes des années 80 et 90 rassemblés par Joerg Bader, le commissaire. Ce que l’on prenait sans doute pour de l’insignifiance, pour une attitude assez désinvolte et centrée sur la possibilité de répondre à un marché vorace n’était, dans certains cas, qu’une réponse directe à l’utopie des avant-gardes conceptuelles de la génération précédente. Partir de l’idée de décoration permettait à certains peintres comme Leni Hoffman ou Aldo Iacobelli de produire du sublime comme réponse au banal. Que ce type de résurgence constitue un retour ou au contraire une avancée n’est pas ici le propos. Simplement, il est étonnant de voir à quel point des œuvres, pourtant récentes, paraissent déjà appartenir à une autre époque, comme si finalement notre décennie avait irrémédiablement évincé ces stratégies artistiques déjà obsolètes.

BARCELONE, Tecla Salla, jusqu’au 25 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : De la décoration

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