Art contemporain

La grande parade de l’art contemporain

Par Valérie Marchi · L'ŒIL

Le 1 mai 1999 - 364 mots

Des centaines de bouches de clowns, plus rouges les unes que les autres, projetées sur la piste du cirque improvisé du Fresnoy, rivalisent de simagrées.

Au-dessus, sur un fil, deux funambules se dirigent l’un vers l’autre, tandis que du sol un clown s’élance à leur rencontre soulevant un ballon d’hélium. Le point de rencontre se révèle être un point de chute ! L’équilibre est mis en péril, tandis que le ballon se désagrège. Peut-on qualifier High Wire de numéro de cirque ? Oui, mais nuance, c’est Tony Brown, artiste canadien – dont l’œuvre s’articule entre image, sculpture et robotique – qui l’orchestre pour « Et qui libre ? », le nouveau spectacle de la Compagnie foraine. Celle-ci réitère pour la troisième fois ce genre de rencontres fructueuses entre artistes de cirque et plasticiens chargés de créer des dispositifs pour les acrobates.

Aux côtés du sculpteur, on retrouve Daniel Buren qui prépare une installation scénique pour la parade foraine – l’entrée des artistes et des animaux est prévue sur fond de gigantesques rayures contrastées. Mais aussi Alain Sonneville dont les savoureux numéros La Table molle, La Vache musicienne, élaborés avec Dan et Fabien Demuynck et Iago Larue, sont basés sur l’idée de la fragilité du corps et des choses. On ne peut manquer de signaler également Christian Boltanski, concepteur d’un numéro de contorsionnisme, Jannis Kounellis, Carlo Quartucci, Giulio Paolini et Claude Acquart. Comme le souligne très justement le directeur du Fresnoy, Alain Fleischer, « l’art retrouve là, dans l’absence de posture mondaine ou culturelle, son essence à la fois populaire et merveilleuse ». Rappelons simplement que le cirque a toujours été une source féconde d’inspiration aussi bien pour la peinture, peuplée de multiples arlequins picassiens, que pour le 7e art, passant du poétique Les feux de la rampe, de Charlie Chaplin au clinquant film hollywoodien Sous le plus grand chapiteau du monde.

Il était donc juste que l’art contemporain croise un jour la route des forains, et mette à leur service toutes ses innovations technologiques. C’est chose faite depuis 1993, grâce au dynamisme d’Adrienne Larue et Dan Demuynck, les fondateurs de la Compagnie foraine.

TOURCOING, Le Fresnoy, Studio national des Arts contemporains, 26 mai-3 juin.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°506 du 1 mai 1999, avec le titre suivant : La grande parade de l’art contemporain

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