Le dessin français selon Horvitz

L'ŒIL

Le 1 mai 1999 - 314 mots

Jeffrey E. Horvitz fut d’abord marchand d’art moderne et contemporain à Los Angeles avant de reprendre en main l’affaire familiale d’investissement en immobilier et de commencer, en 1984, la prestigieuse collection qui l’a rendu célèbre. Une collection constituée aussi rapidement que méthodiquement. Si Horvitz choisit de collectionner les dessins anciens, italiens et surtout français, c’est autant par goût personnel que par calcul, car ces derniers sont abondants sur le marché et souvent relativement accessibles. Suivant le conseil avisé de spécialistes, Horvitz a lié le développement de sa collection au Fogg Art Museum de Boston, riche en dessins français, en prenant comme « research curator » (à la fois commissaire, conseiller artistique et scientifique) l’un des conservateurs du musée, Alvin Larry Clark – et l’un des organisateurs de la présente manifestation. À travers 115 dessins, l’exposition donne une bonne idée du caractère encyclopédique d’une collection qui ambitionne d’embrasser tout l’art français des XVIIe et XVIIIe siècles : du maniérisme tardif de Bellange au néoclassicisme de David et Girodet, sans oublier les écoles provinciales, ni les personnalités mineures, et en veillant à donner des exemples de toutes les techniques du dessin.
À côté des plus grands noms, la collection présente en effet une foule d’artistes moins connus, qui complètent et enrichissent un panorama trop souvent réduit à ses seuls « sommets ». Le goût de ce collectionneur le porte vers les dessins très achevés, notamment ceux de Watteau, Boucher, Fragonard ou Prud’hon, ses « favoris », au détriment d’autres catégories telles que croquis ou « premières pensées », ou d’approches moins descriptives, comme celle de Poussin (jugé trop « conceptuel »). Pour exhaustive qu’elle soit, la collection Horvitz qui compte plus de 700 numéros n’échappe donc pas à la partialité. Elle reflète une certaine vision de l’art français. Une vision américaine ?

Musée Jacquemart-André, 1er mai-27 juin, puis ÉDIMBOURG, National Gallery of Scotland, 9 juillet-5 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°506 du 1 mai 1999, avec le titre suivant : Le dessin français selon Horvitz

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