Ravenne retrouve ses ors

L'ŒIL

Le 1 mai 1999 - 410 mots

Un peu partout en Italie, la célébration de l’an 2 000, le Millenio, est le prétexte d’un mouvement de restauration du patrimoine artistique sans précédent. À Ravenne, la Surintendance a ainsi entrepris depuis plusieurs années le nettoyage des mosaïques de la fin de l’Antiquité qui font sa célébrité, sans pour autant négliger une série d’édifices civils de la Renaissance ou plus tardifs qui retrouvent un nouveau lustre.

L’œuvre s’achève aujourd’hui avec la restauration en cours des mosaïques de San Vitale. L’église, commencée sous le règne du roi ostrogoth Théodoric avant 526 et consacrée, après la reconquête de la ville par les Byzantins, sous celui de Justinien, en 547, abrite encore dans le chœur – presbyterium – et l’abside l’un des plus admirables ensembles de mosaïques du VIe siècle, avec, notamment, les deux panneaux immortalisant Justinien et Théodora. Les parois du presbyterium, l’arc triomphal avec les apôtres en médaillons, le grand Christ, les anges, San Vitale et l’évêque Ecclesius de l’abside sont déjà entièrement restaurés, ainsi que le panneau de Justinien ; celui de Théodora, le dernier, sera terminé en juin prochain. Cet ensemble prestigieux, ayant subi l’usure naturelle du temps mais aussi le zèle successif de plusieurs restaurateurs depuis des siècles, imposait la prudence. La restauration, dirigée par Cetty Muscolino de la Surintendance de Ravenne, assurée par les restaurateurs de l’équipe Arké formés par l’Istituto di Restauro di Roma, s’est appuyée sur une étude préalable exemplaire : dépouillement systématique des archives et des documents anciens, examen des murs et du support, relevés de détails, tesselles après tesselles, analyse des matériaux employés et de leurs altérations... Alors seulement pouvait commencer la restauration proprement dite : nettoyage, consolidation en place – sans dépose –, réintégration des lacunes, tout en respectant les restaurations anciennes, dont certaines remontent au XIe ou XIIe siècle et qui n’excèdent pas 20% de la surface totale. Les enseignements qui découlent de ce travail feront l’objet d’une publication scientifique de la Surintendance de Ravenne. Ils sont nombreux, en particulier sur la chronologie et la nature précise des interventions du passé, mais aussi sur les techniques de fabrication et de pose utilisées par les mosaïstes au VIe siècle et les matières employées : les mosaïques de l’abside ont été entièrement réalisées en verre, avec quelques ajouts de nacre, tandis que celles du presbyterium mêlent au verre des tesselles de marbre et de pierre. Mais déjà, l’or, les couleurs et les dégradés subtils ont retrouvé leur splendeur du temps de Justinien.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°506 du 1 mai 1999, avec le titre suivant : Ravenne retrouve ses ors

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