Musée

Dans les palais royaux d’Abomey

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 mai 1999 - 437 mots

ABOMEY / BÉNIN

Rares sont les villes africaines qui ont conservé leurs anciens palais royaux. C’est pourtant le cas d’Abomey capitale historique de l’ancien Dahomey devenu République du Bénin.

Douze palais étaient jadis répartis sur une surface de 44 hectares mais deux seulement ont été restaurés, ceux des rois Ghezo (1818-1858) et Glélé (1858-1889) que l’on peut maintenant visiter. Après la chute du royaume et l’exil du roi Behanzin en 1894, les palais sont restés à l’abandon, jusqu’à ce que l’administration française effectue quelques remises en état et crée le musée. C’est à partir de 1992 que sont réalisés les travaux de rénovation les plus importants, grâce à différents organismes, le Ministère de la Culture du Bénin, l’UNESCO, le Ministère italien des Affaires étrangères et le Getty Conservation Institute. Aujourd’hui, les douze palais sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Les souverains du Dahomey n’étaient pas des modèles de vertu. Leurs immenses richesses provenaient du commerce des esclaves. Pendant les quarante années de son règne, Ghezo n’a cessé de guerroyer pour capturer des prisonniers, notamment parmi ses voisins du Nigeria et du Ghana. Ce florissant commerce permettait au roi de faire du troc : un canon européen s’échangeait contre 15 hommes ou 21 femmes. Les cours du palais paraissent aujourd’hui vastes et vides, mais s’animaient au XIXe siècle d’un va-et-vient bariolé. À l’intérieur, une salle était destinée au « conseil du trône », une autre au culte du tonnerre. Les murs étaient en partie recouverts de bas-reliefs modelés en terre et colorés, maintenant restaurés. Ils retracent en style naïf comme une sorte de rébus les événements historiques et politiques du royaume. On y voit les « noms forts » de chaque roi et les animaux qui leur étaient associés : pour Ghezo le buffle puissant, pour Glélé le lionceau semant la terreur, pour Béhanzin le requin audacieux. Plus loin se trouvent des bâtiments circulaires sacrés. Dans la cour des reines, un mausolée rappelle les 41 épouses enterrées vivantes, selon leurs désirs, pour accompagner le roi dans la mort. Les collections du musée provenant des anciens trésors royaux sont réparties dans les salles destinées à la vie de la cour. À côté du trône de Ghezo reposant sur quatre crânes se trouvent des récades (bâtons d’accréditation pour les porte-paroles du roi), des ombrelles et parasols en soie, une collection d’armes antérieures à la colonisation, des statues en bois ou en fer, des tentures et des calebasses pyrogravées. Parmi les objets cultuels, se trouvent des sabres rituels et les asen, autels commémoratifs des ancêtres royaux.

ABOMEY, Musée historique et Palais royaux, BP 25, République du Bénin, tél. 229 50 03 14.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°506 du 1 mai 1999, avec le titre suivant : Dans les palais royaux d’Abomey

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