L’épure scandinave

L'ŒIL

Le 1 mai 1999 - 304 mots

Dans la France des années 70, le design scandinave constituait un must, une sorte de sésame du bon goût durant l’ère giscardienne. On se devait alors d’agrémenter son living de tables basses en bois et de vases à l’épure certaine. Tombé en désuétude, cet élan créateur scandinave n’a jamais été étudié avec rigueur. Riche d’une collection unique d’objets rassemblés durant les années 50 et 60, le Stedelijk Museum propose actuellement un parcours historique de ce design industriel nordique. La fascination des Néerlandais pour ces objets date des années 30 avec l’action d’industriels audacieux, comme Met & Co, qui n’hésitent pas à éditer des chaises de l’architecte Alvar Aalto. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, un magazine comme Goed Wone  fait l’apologie des céramiques, vases, meubles et objets divers issus de la Suède, de la Finlande et du Danemark. La Hollande est alors en reconstruction. Son industrie de l’ameublement, anéantie par les désastres de la guerre, ne peut fournir un marché en pleine expansion. De plus, ce design scandinave répond parfaitement  aux espaces réduits des nouvelles maisons bâties par centaines pour abriter une population en augmentation. Alvar Aalto, Arne Jacobsen, Tapio Wirkkala et Anti Numesniemi proposent des objets fonctionnels aux lignes pures.
Les matériaux naturels sont systématiquement privilégiés. Le succès est immédiat et les noms de ces designers deviennent synonymes de modernité. Mais, au début des années 60, l’absence d’innovation et l’exotisme du design italien condamnent lentement les productions scandinaves à un oubli certain. Curieusement, c’est à cette époque que la France les découvre. La deuxième partie de l’exposition, consacrée au renouveau de ce design, permet de montrer de jeunes créateurs préoccupés de réinventer l’héritage prestigieux de leurs aînés et de l’adapter aux exigences du marché international. L’invention reste constante et le fini des objets parfaitement maîtrisé.

AMSTERDAM, Stedelijk Museum, jusqu’au 13 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°506 du 1 mai 1999, avec le titre suivant : L’épure scandinave

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