Barry, professeur et vidéaste

L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 295 mots

Robert Barry appartient à une génération héroïque. Celle des premiers artistes conceptuels américains, ces artistes qui, jamais, n’ont véritablement trouvé une juste reconnaissance Outre-Atlantique.

C’est en France, plus précisément à l’école des Beaux-arts de Nîmes, que cet artiste discret poursuit momentanément ses recherches. Depuis près de trente ans, Robert Barry approfondit un travail sur l’inscription du langage au sein d’espaces publics ou semi-privés comme le siège de grandes entreprises. Ses premières interventions se limitaient à circonscrire un espace en imprimant des mots isolés sur les murs. Le refus d’un langage analytique et de phrases clairement constituées l’avait lentement conduit à accentuer la puissance d’un mot au sein d’une architecture. Dès lors, ses installations contaminaient murs et plafonds, les recoins, les vitres jouant également sur les reflets et les ombres comme pour mieux indiquer combien les teneurs visuelle, sonore et charnelle du langage importaient dans ces œuvres. Le mot devenait objet, passeur d’énergie.

Aujourd’hui, son travail prend un nouveau tournant. Au sein de cette merveilleuse résidence que constitue pour lui les Beaux-Arts de Nîmes, et entouré de neuf étudiants déterminés, il vient de produire sa première œuvre vidéo. L’œuvre est vidéo-projetée sur un mur. Un mot s’agrandit pour occuper toute la largeur de l’écran. Le fond jaune vire progressivement vers un rouge sombre alors qu’apparaît en transparence un visage. Indéfiniment, d’autres séquences (mots-visages) s’enchaînent dans des effets de montages multiples. Réalisé à partir d’une vidéo (les visages) et d’un puissant logiciel de simulation (les mots), cette installation transforme la salle obscure en un territoire où se croise une chaîne d’êtres silencieux reliés les uns aux autres par la pesanteur de quelques mots. Au spectateur de jouer ensuite pleinement son rôle en s’intercalant dans ce territoire de l’imaginaire.

NIMES, École supérieure des Beaux-Arts, jusqu’à la fin juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Barry, professeur et vidéaste

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