Eduardo Chillida, dos au mur

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 263 mots

Alors que le Guggenheim Museum de Bilbao présente une exposition rétrospective de son œuvre, de 1948 à 1998, Eduardo Chillida occupe à Paris les cimaises de la galerie Lelong.

S’il n’est plus temps de présenter cet immense artiste dont la démarche rigoureuse joue de formes construites opposant masses et volumes découpés, il est intéressant en revanche de découvrir ce qu’il en est de ses toutes dernières créations. À la suite de la monumentale œuvre murale qu’il a réalisée pour le Musée d’Art contemporain de Barcelone, Chillida vient d’achever un ensemble de cinq autres « murales », de très grand format, composés d’éléments en ciment réfractaire façonnés à la main. Ce sont eux que Chillida présente chez Lelong. Exécutés dans les ateliers du céramiste Hans Spinner de Grasse, l’un des meilleurs de sa profession, ces pièces qui prouvent l’intérêt du sculpteur pour le béton et le feu ouvrent un registre nouveau dans son art. Leur rapport à l’espace, dans cette façon qu’elles ont de s’inscrire en surface-plan du lieu de leur présentation, tout en s’y dressant dans la suggestion d’un volume, corrobore la pensée fondamentalement « architecte » de l’œuvre de l’artiste. Par-delà tous les jeux formels de composition et de structuration des vides et des pleins, des coupes et des découpes, l’art d’Eduardo Chillida procède d’une méditation sur la variabilité des formes. Par-delà les jeux multipliés de leur articulation, il instruit un véritable rapport au corps dans la résistance qu’il suggère et que le travail de la matière contribue à exacerber.

Galerie Lelong, jusqu’au 23 juillet et BILBAO, Guggenheim Museum, jusqu’au 29 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Eduardo Chillida, dos au mur

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