La révolte Kobro

L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 293 mots

De Katarzyna Kobro, on sait peu de choses, preuve que l’on peut être simultanément une grande artiste de l’avant-garde des années 30 et rester dans les limbes de l’histoire de l’art moderne.

Il est vrai que Kobro est polonaise et non pas russe. Longtemps, la production artistique de pays comme la Pologne ou la Hongrie fut marginalisée au sein de l’histoire de l’art, et aujourd’hui encore l’activisme d’artistes aussi importants que Lajos Kassak ou Làszlò Péri n’est connu que de quelques spécialistes. Par ailleurs, ses sculptures, son œuvre picturale et graphique furent systématiquement détruites par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Ce qu’il en reste aujourd’hui se limite aux quelques reconstitutions que Kobro réalisa dans les dernières années de sa vie. Ce sont d’ailleurs ces œuvres qui constituent l’essentiel de la rétrospective qui lui est actuellement consacrée. Dès l’entrée le caractère révolutionnaire de ses sculptures surprend. Des tôles sont pliées et assemblées selon des formes géométriques assez simples. Les couleurs sont vives. Chacun des plans de ses sculptures distribue et creuse l’espace alentour pour mieux affirmer une étrange énergie gravitationnelle. Ce refus de la pesanteur, ce caractère architectonique, à mi-chemin entre suprématisme tridimensionnel et expérimentations constructivistes, prolonge avec rigueur les tentatives soviétiques pour un nouvel art au service du peuple. Il est vrai que Katarzyna Kobro avait, dès 1918, rencontré Malevitch, Tatlin, Rodtchenko. En 1924, avec son mari Wladyslaw Strzeminski, elle retourne en Pologne et crée ainsi un véritable foyer de création artistique qui s’éteindra avec la guerre. L’exposition présente ces fameuses créations des années 20 et 30, des œuvres réalisées sous l’influence de Rodtchenko ainsi que des petits plâtres et bronzes de facture cubo-futuriste aux formes ramassées et harmonieuses.

LEEDS, Henry Moore Institute, jusqu’au 27 juin, cat. 188 p., 220 ill.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : La révolte Kobro

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque