Invitation à demeure chez Zadkine

Il faut franchir le seuil du 100 bis rue d’Assas, s’avancer dans la petite ruelle intérieure pour trouver sur sa droite ce qui fut le refuge du sculpteur de 1928 à sa mort, en 1967. Jardin, ateliers, maison, tout y est d’un charme suranné, mais en aucune façon nostalgique. Par la grâce de sa conservatrice, Noëlle Chabert, le Musée Zadkine est un lieu vivant où l’amateur d’art moderne y croise aussi l’art contemporain. Depuis plusieurs années, celle-ci y développe un programme d’une justesse et d’une pertinence absolues, comme en témoigne l’exposition « Demeures » qui y est actuellement présentée. Réunis autour des quatre grandes figures que sont Dubuffet, Étienne-Martin, Giacometti et Zadkine, 14 artistes contemporains ont été invités à investir le lieu sur le thème approprié de la « demeure ». C’est dire s’ils ont cherché à l’habiter, au meilleur sens du mot, dans une semblable force de relation que celle qui avait animé Zadkine et son épouse Valentine Prax. Le concept de « demeure », récurrent dans la création artistique, est riche de sens. D’une acception temporelle à une désignation juridique, il place l’individu dans un rapport au monde qui peut aussi bien sanctionner l’espace clos de l’atelier que celui grand ouvert de la nature, une attitude individuelle qu’une vision partagée. Il est en tout cas l’occasion pour Boeno, Boutin, Cuzin, Deguelle, Lévénez, Marek, Muyle, Nemours, Paysant, Quardon, Samakh, Texier, Uzac et Vergier de se retrouver portés par un même souffle.