Télémaque, une œuvre en transit

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juillet 1999 - 238 mots

Intitulée « Modes & Travaux » et recouvrant 40 ans de création, de 1959 à 1999, l’exposition que le Centre d’Art de Tanlay consacre à Hervé Télémaque se présente sur le mode rétrospectif. Curieusement, l’ensemble de peintures, dessins, collages, assemblages, éditions et estampes qu’elle regroupe met davantage en évidence ce qu’il en est du caractère prospectif de l’aventure de cet artiste que toute autre chose. De ses premières peintures qui témoignent des influences mêlées du surréalisme et du Pop Art, à ces grandes fresques narratives, quasi historiques, que sont tant La Vallée de l’Omo (1986) que les Témoins (1998), l’art de Télémaque est requis par l’expérimentation. Rarement un artiste n’a autant investi de registres divers, assimilant les modes, jouant des codes, pour réussir toujours à retrouver son compte et s’offrir le luxe d’une sortie sans jamais se trahir. Il passe sans crier gare d’un matériau à l’autre, de l’objet à l’image, de la sculpture à la peinture, d’un effet de distance à la charge d’un affect, avec une sorte d’évidence par rapport à l’acte créatif qui en dit long sur les ressources de son imaginaire. Cette capacité à l’embrassement est d’autant plus forte qu’elle ne se prive d’aucun esprit critique. Mieux, elle s’en nourrit et elle anime chacun des actes produits ; chaque œuvre n’est jamais chez lui que l’expression d’une pensée en transit. Tout à la fois projection, narration et fable.

TANLAY, Centre d’Art, jusqu’au 3 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Télémaque, une œuvre en transit

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