Une Biennale princière

L'ŒIL

Le 1 juillet 1999 - 444 mots

Du 31 juillet au 15 août, la Biennale de Monte-Carlo accueille une trentaine d’antiquaires, galeries d’art et joailliers. Pour cette manifestation qui attire une clientèle internationale de haut niveau, les exposants ont à cœur de sélectionner des pièces de grande qualité. Comme à la Biennale de Paris, elles sont présentées dans des décors somptueux qui donnent à l’ensemble un éclat particulier. Créé en 1975, cet événement est devenu au fil des ans l’un des temps forts de la vie artistique monégasque.

Maurice Ségoura, antiquaire parisien qui fait partie des « inventeurs » de ce salon, y propose cette année un bureau plat attribué à André-Charles Boulle. Dans l’histoire des arts décoratifs, la marqueterie de Boulle forme le sommet du style Louis XIV. Le contraste de l’or sur fond d’écaille, la finesse des motifs rayonnants et leur ordonnance harmonieuse donnent aux meubles qui en sont ornés un aspect fastueux qui n’a pas cessé de plaire depuis trois siècles. Les amateurs avertis marquent une préférence pour les modèles les plus anciens, sortis (peut-être) des mains du maître : celui-ci n’ayant jamais signé un meuble, les attributions sont toujours difficiles à établir.
Yves Mikaeloff a choisi un régulateur de parquet en bois peint et doré, réalisé vers 1770 et déjà du style Louis XVI le plus affirmé. Horloge de précision, le régulateur était à l’origine réservé à l’horloger, à qui il servait d’étalon. Au cours du XVIIIe siècle, son usage s’est répandu à une clientèle plus large, pour laquelle on les habille de caisses en marqueterie. Ces instruments de haute technicité, souvent équipés de complications astronomiques, qui sont aussi appréciés pour leur aspect esthétique, font partie des horloges anciennes les plus cotées.
La galerie monégasque Sapjo, à la fois antiquaire et joaillier, a une prédilection pour les objets d’orfèvrerie, et propose une boîte à mouches en or de Joseph-Étienne Blerzy (Paris, 1782). De forme rectangulaire, elle s’ouvre par deux couvercles (un de chaque côté) émaillés, animés de rivières et de pêcheurs. À l’intérieur trois compartiments, dont un contient son pinceau à maquillage d’origine monté sur un manche en or.
Du côté des tableaux, Jean Gismondi met en vedette une toile de Francesco Guardi, Vue de San Giorgio Maggiore, de la Salute et de la pointe de la Douane, du bassin de Saint-Marc et Fabien Boulakia un Picasso de 1954, Femme accroupie. Les joailliers seront particulièrement nombreux cette année puisqu’ils représentent un tiers des participants. Nouveau venu, le Britannique Graff, qui avait fait une entrée remarquée à la Biennale de Paris en septembre dernier, expose, entre autres, une parure composée d’un collier, d’un bracelet et de boucles d’oreilles en diamants roses et diamants blancs.

MONTE-CARLO, 31 juillet-15 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Une Biennale princière

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque