Le pouvoir des masques écrans

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 septembre 1999 - 260 mots

Derrière le titre « L’autre visage », ce sont en fait de multiples visages que révèlent les masques africains de la collection Barbier-Mueller. Certains sont dits « historiques » car ils ont attiré l’attention de nombreux artistes célèbres du début de ce siècle. On peut voir le masque Teke-Tsaayi (République populaire du Congo), acheté par André Derain. Parfaitement rond et symétrique, il apparaissait dans des rituels au cours desquels des danseurs faisaient la roue. Le masque matérialisait le mouvement. Très différent, tout en longueur, un autre masque historique (Mahongwe du Gabon) a longtemps passé pour avoir inspiré à Picasso les visages des Demoiselles d’Avignon. Grâce à William Rubin, on sait depuis 1984 qu’il n’en est rien. Après avoir été acheté puis revendu par le Museum of Modern Art de New York, il est maintenant l’un des fleurons de cette collection privée suisse. Cet aspect anecdotique de certains masques ne doit cependant pas nous empêcher d’apprécier tous les autres, moins célèbres mais tout aussi remarquables. Le danseur masqué, revêtu du long costume qui faisait de lui un anonyme, ivre de musique, accédait à un état second proche de l’extase. Il personnifiait un génie invisible et le masque servait d’écran, destiné à protéger l’homme des forces occultes terrifiantes qu’il affrontait. Pour tenter de comprendre la nature profonde de ces visages de bois, il faut les voir comme des occasions pour nous, pauvres Occidentaux rationalistes, de jeter un coup d’œil sur ce monde de l’au-delà si important en Afrique.

Fondation Mona Bismarck, 21 septembre-28 novembre, cat. éd. Adam Biro, 288 p., 280 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Le pouvoir des masques écrans

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque