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Ghada Amer, les travaux et les jours

Par Maldonado Guitemie · L'ŒIL

Le 1 septembre 1999 - 235 mots

Le Prix de l’Unesco pour la Promotion des Arts vient de récompenser Ghada Amer pour son travail patient, cohérent et plurivoque sur le statut de la femme et de l’image au confluent des cultures orientale et occidentale.

Patience de la broderie sur toile ou sur d’autres supports (coussins, vêtements) au service de motifs peu communs et néanmoins banals : l’imagerie stéréotypée d’une vie exaltante de ménagère accomplie ou de sa face cachée (onanisme, scènes d’amours lesbiennes). Ghada Amer joue du déplacement pour faire apparaître et subvertir les codes. Avec une technique extérieure à l’art mais donnant parfois naissance à des jeux de pures lignes colorées, elle façonne un univers en apparence exclusivement féminin mais foncièrement modelé par le regard et le désir de l’homme qui distribue les rôles. On est frappé par le thème récurrent de l’amour, depuis sa définition tirée du dictionnaire jusqu’à ses images les plus physiques et les plus crues (scènes empruntées aux revues pornographiques), en passant par ses clichés officiels (portraits de jeunes mariés publiés dans la presse égyptienne) ; et c’est l’amour finalement qui reste à inventer. Puisque personne heureusement personne ne ressemble à Barbie et Ken et qu’il faut ajuster un patron aux mensurations uniques de chacun, libertés et identités se construisent à partir et au sein de modèles reconnus comme tels, retouchés sur mesure pour être habités de façon pleinement individuelle et originale.

Galerie Brownstone, 7 septembre-2 octobre.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Ghada Amer, les travaux et les jours

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