En 1891, année de la mort de Seurat et fin du premier néo-impressionnisme français, la Triennale de Brera présente les recherches divisionnistes de Morbelli et de Segantini. Giuseppe Pellizza da Volpedo (1868-1907), peintre vériste d’inspiration rurale, sans renoncer à une observation aiguë de la réalité, infléchit alors sa fidélité au sujet vers une synthèse formelle et une division du ton conçue comme moyen de construire l’espace pictural et de rendre la luminosité du tableau plus intense. Quoiqu’en marge dans sa région natale de Volpedo, il devient une figure majeure du divisionnisme italien qu’il décline dans des compositions inspirées de scènes de la vie des champs, aux harmonies formelles et colorées recherchées, aux fortes charges symboliques. Pour le progrès de l’humanité, dans une vision socialiste évolutionniste, c’est en effet la vérité humaine que Pellizza poursuit dans ses clairs-obscurs : de la dimension métaphysique de Lo Specchio della vita (1895-1898), marche inexorable et monotone de moutons en file indienne inspirée d’un vers de Dante, à la portée sociale de son œuvre maîtresse Il Quarto stato (1898-1901), où une foule de travailleurs apparemment innombrables s’avance, déterminée, hors d’une obscurité crépusculaire vers la pleine lumière. Moyen plastique, la couleur, « cet effort de la matière pour devenir lumière » (D’Annunzio), devient le vecteur privilégié d’une réflexion sur la condition humaine, et la matière se fait esprit.
TURIN, Galleria civica d’Arte moderna e contemporanea, jusqu’au 6 janvier.
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Pellizza da Volpedo, social-divisionniste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Pellizza da Volpedo, social-divisionniste