Parmiggiani aux mains d’or

L'ŒIL

Le 1 novembre 1999 - 257 mots

Après une exposition très remarquée à l’Hôtel des Arts de Toulon, Claudio Parmiggiani récidive avec une installation hors du commun en Corse. Au sommet du Monte d’Oro, là où la nature est rude et reste inviolée, Parmiggiani a incrusté et encastré les empreintes en or de ses deux mains sur les bords de cet ancien glacier. Une deuxième version de ces deux empreintes, mais colorées au mercure, est visible au FRAC Corse. Paumes ouvertes et creuses, mains en offrande, geste de demande mais aussi de don, ces mains à la peau dorée sont à jamais enchâssées dans le granit, face au ciel. En excluant toute religiosité de la part de cet artiste, ce geste n’étonne pas dans une œuvre de plus en plus spirituelle et métaphysique, de plus en plus imprégnée par le concept du vide et de l’absence. À Toulon, les objets portés sur le mur (par exemple des livres dans une bibliothèque) étaient dématérialisés puisqu’ils ne s’offraient à la vue que par leur ombre lumineuse, leur trace fantomatique. Ici, dans ce coin de nature perdue, ce sont ses propres mains, les traces de son identité, qu’il offre, tout en les soustrayant. Parmiggiani est familier de ce goût pour le caché et l’on pense à la sphère d’argile, déjà couverte d’empreintes de ses mains, qu’il a fait enterrer pour toujours dans le jardin du Musée Saint-Pierre de Lyon. Les œuvres de Parmiggiani sont en fait surtout gravées dans l’esprit.

CORTE, FRAC Corse, La Citadelle, à partir du 9 novembre, cat. éd. Mazzotta, 80 p., 180 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Parmiggiani aux mains d’or

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