Les 500 ans de Charles Quint

L'ŒIL

Le 1 novembre 1999 - 452 mots

Le 500e anniversaire de la naissance de Charles Quint offre à la ville de Gand l’occasion de fêter avec des fastes impériaux l’entrée dans le IIIe millénaire. Né à Gand en 1500, Charles Quint bénéficie d’une série d’héritages qui le placent à la tête d’un des plus grands empires des Temps modernes : il devient prince des Pays-Bas en 1506, hérite du trône d’Espagne en 1516. Enfin, à la mort de son grand-père Maximilien 1er, en 1519, il est élu empereur du Saint-Empire romain germanique. Charles Quint règne jusqu’en 1556, puis se retire dans un monastère d’Estrémadure où il meurt deux ans plus tard. Centrée sur la personne même de l’empereur, sa biographie, sa politique, sa conception du monde, l’exposition s’organise en quatre cercles concentriques : Gand, les anciens Pays-Bas, l’Europe, le monde, à travers lesquels sont évoquées les grandes questions politiques, sociales et culturelles. La découverte et la conquête de l’Amérique entraînent de nombreux bouleversements. Les spécialistes parlent de la naissance d’une « économie-monde » capitaliste, dont la grande bénéficiaire est alors Anvers. Le processus de formation des États modernes s’accélère, avec une volonté de centralisation dont Charles Quint est l’un des grands artisans, ce qui lui vaut d’entrer en conflit avec sa ville natale. L’empereur est aussi l’adversaire acharné du luthérianisme qui se propage dans les années 1520. Il organise l’Inquisition sur le modèle espagnol. La Réforme, et l’humanisme chrétien dont les Pays-Bas sont le foyer et Érasme la principale figure, tiennent bien sûr une place importante dans l’exposition, mais celle-ci met également l’accent sur d’autres aspects de la culture : la croissance exponentielle de l’imprimerie et la diffusion massive de textes et images imprimés ; la recherche scientifique, avec surtout Copernic qui en formulant, dès 1543, l’hypothèse de la rotation de la terre, met à mal la conception aristotélicienne du monde ; l’évolution des formes artistiques sous l’impulsion de la Renaissance. Ce dernier aspect est illustré ici à travers des collections constituées dans l’entourage direct de l’empereur. La Renaissance se manifeste d’abord par des emprunts formels à l’art italien, par le biais de motifs décoratifs intégrés aux formes du gothique tardif. Ce style hybride est caractéristique des artistes de la cour de Marguerite d’Autriche (Jacopo di Barbari, Konrad Meit, Jean Mone, Bernard van Orley et Jean Gossaert, qui introduit les premières nudités mythologiques). Mais ce n’est qu’à partir du milieu du siècle que s’impose vraiment l’esprit de la Renaissance, favorisé par Marie de Hongrie et la cour de Bruxelles. Cette phase est représentée par les œuvres de Vermeyen, Coxcie, Mor, Van Heemskerck, et par les tableaux italiens qui furent alors importés, notamment du Titien, auteur du fameux Portrait de Charles Quint à cheval.

GAND, Abbaye Saint-Pierre, 6 novembre-30 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Les 500 ans de Charles Quint

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