Les femmes dans l’art américain

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 29 mai 2008 - 364 mots

Les remarquables peintures, photographies, gravures, pastels et dessins sont formels : la femme a invariablement peuplé l’imaginaire artistique.

Tour à tour lascive et mondaine, déshabillée et « froufroutée », transgressive et délicate, elle cristallise sans commune mesure les obsessions de la société qui la voit évoluer. Partant de ce présupposé, l’exposition du musée d’Art américain de Giverny interroge la création américaine entre 1870 et 1915 afin d’évaluer les singularités esthétiques d’un Nouveau Monde décidé à concurrencer le Vieux Continent.
Les échanges transatlantiques en cette fin de xixe siècle rééquilibrent une cartographie de l’art dont on ne saurait désormais faire l’économie du versant ouest. Tandis que le Gilded Age américain (« l’âge doré ») célèbre le puritanisme de ses nouvelles classes à travers des figurations intimistes, l’effervescence européenne plébiscite l’ambivalence de la femme fatale, quand elle n’est pas simplement létale.
Aussi, lorsque la Dame en rouge de William Turner Dannat représente le narcissisme mondain d’une société grisée par les temps modernes, le Portrait d’une femme tenant une rose de Thomas Dewing laisse sourdre la mélancolie indélébile d’une époque troublée par ses bouleversements.
Encouragés par les expériences inaugurales de Whistler avec sa sublime Sieste, de nombreux artistes, tels John Singer Sargent, William Merritt Chase ou Mary Cassatt, investissent le territoire hexagonal dont ils irriguent bientôt les salons et les musées de leurs œuvres. À cet égard, l’exceptionnel Portrait gris de John White Alexander est emblématique d’une colonisation américaine d’autant plus confondante qu’elle s’est familiarisée avec les innovations artistiques contemporaines.
Déclinée tel un motif, la femme devient un leitmotiv ouvrant sur de subtiles variations formelles. La photographie américaine, dans le sillage de la Photo-Sécession d’un Stieglitz, témoigne sans ambages d’une assimilation des courants les plus avant-gardistes. De la sorte, aux maternités de Gertrude Käsebier succèdent les recherches symbolistes de Paul Burty Haviland et les saisissantes expérimentations japonistes d’Edward Steichen avec Cyclamen (1913). Le photographique achevait ainsi de faire de la femme une icône moderne, qu’elle soit effeuillée ou fleur du mal…

Voir

« Portrait of a Lady : peintures et photographies américaines en France, 1870-1915 », musée d’Art américain/Terra Foundation for American Art, 99, rue Claude-Monet, Giverny (27), tél. 02 32 51 94 65, jusqu’au 14 juillet 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°603 du 1 juin 2008, avec le titre suivant : Les femmes dans l’art américain

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