The Sixties

L'ŒIL

Le 1 décembre 1999 - 213 mots

Richard Avedon incarne d’une certaine manière la bonne conscience américaine. Les 160 portraits rythmant le nouvel opus que vient de livrer ce maître de la photographie se veulent les repères désabusés d’une époque où l’Amérique ne savait que faire de son bourbier vietnamien.

160 portraits en noir et blanc, 160 hommes et femmes, 160 personnes qui à des degrés divers furent des symboles. Ces portraits de stars de l’underground, de personnalités du mouvement pour les droits civiques, de généraux chargés des opérations, de journalistes engagés, forment une poignante galerie de portraits. Des interviews complètent l’ensemble. La société qui transparaît au fil de ces pages est alors en totale mutation. D’un côté, un mouvement qui cherche à bousculer la pesanteur puritaine du pouvoir blanc. De l’autre, des hommes persuadés de la pertinence de leur idéologie. Bob Dylan contre Kissinger, Malcom X contre Joe Hooper. Au fil de ces témoignages bouleversants, de ces visages qui nous regardent avec insistance, le lecteur ne peut oublier combien tout cela paraît soudain si vieux, si lointain, comme si les tensions de cette société s’étaient en partie dissoutes dans l’idéologie libérale des années 80. La révolte s’est muée en silence désabusé.

Richard Avedon et Doon Arbus, The Sixties, éd. Schirmer/Mosel, 240 p., 160 ill., env. 450 F, ISBN 3-88814-605-4.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : The Sixties

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