école

L’actualité de Gina Pane

L'ŒIL

Le 1 décembre 1999 - 256 mots

La « performance » (en anglais : représentation devant les spectateurs) était de mise dans les années 70 et en France nous avions notre star : Gina Pane, disparue prématurément en 1990. Cette exposition met en évidence l’incroyable actualité, la pertinence des trouvailles de cette artiste et met en lumière son engagement en tant que professeur à l’École des Beaux-Arts du Mans. Le catalogue réunit d’ailleurs ses écrits. L’étrangeté, la modernité des performances de Gina Pane résidaient dans leur économie de moyens, leur simplicité, voire leur austérité, ce qui contrastait beaucoup avec la théâtralité et l’expressionnisme du célèbre mouvement des actionnistes viennois de la même époque, axés eux aussi sur l’art corporel. Elle apparaissait toute de blanc vêtue, évoluant dans un espace blanc, sous une lumière blanche... tout ce blanc auquel elle tenait mettait en évidence l’idée de pureté qu’elle voulait imprimer à ses « actions ». Avec ses gestes lents, mûris, entrecoupés de pauses concentrées, Gina Pane ne voulait traduire aucune anecdote personnelle (même si elle ne parlait souterrainement que de ça !), mais plutôt atteindre à une sorte d’abstraction, son corps devenant le champ d’une méditation. « J’ai une pratique picturale du corps » disait-elle. Ses blessures, ses entailles à fleur de peau, excluaient l’idée douloureuse et torturée de l’automutilation à la Van Gogh, mais évoquait l’éphémère. La présence de lait blanc et les traces rouges du sang se transformaient en écriture, en une sorte de « peinture en action ». Une œuvre encore énigmatique.

LE MANS, École supérieure des Beaux-Arts, 22 janvier-4 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : L’actualité de Gina Pane

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