musée

Favier ou l’éloge de l’insignifiant

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 décembre 1999 - 245 mots

Peintures, dessins et collages, papier, verre et ardoise..., voilà bientôt vingt ans que Philippe Favier s’est inventé un monde à part, tour à tour drôle, inquiétant, fragile, poétique, où des figures minuscules voguent dans des espaces sidérants. Une œuvre inédite faite de ces petits riens qui font un immense tout. La force singulière de l’art de cet artiste repose sur une capacité inouïe à l’invention et au renouvellement sans que rien ne paraisse à première vue. L’exposition nîmoise qui rassemble plus de 70 œuvres récentes et inédites en est une nouvelle démonstration. Il s’agit surtout d’une grande installation proprement étonnante, constituée de figures bricolées et rapiécées à partir de toutes sortes d’articles de bonneterie et qui sont simplement fichées sur des tiges toutes en finesse. Quelque chose d’une extrême fragilité est ici à l’œuvre qu’augmente la multitude de ces figures, toutes réunies dans la même pièce, et qu’excède leur blancheur de linceul. Entre le désir affiché de vouloir « faire drôle et dérisoire » et la puissance d’une installation qui opère un deuil (celui de la mère, récemment disparue, qui tenait boutique de mercerie), cette œuvre de Philippe Favier – Épi d’altesse – est forte d’une dimension existentielle subtile. Plus que jamais, les mots de vanité, de béance et d’abîme qui déterminent la démarche de l’artiste contribuent ici à l’étranglement de l’éloquence. Résolument pauvre et minimal, l’art de Favier trouve dans ces poupées de chiffon l’occasion d’un surprenant manifeste.

NÎMES, Carré d’Art, jusqu’au 30 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Favier ou l’éloge de l’insignifiant

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