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Cupidon, aurige de l’âme antique

L'ŒIL

Le 1 décembre 1999 - 266 mots

Deux étalons lancés au galop, poitrail gonflé et naseaux dilatés ; Cupidon, en fier aurige, bridant leur fougue pour mieux conduire le bige en quelque terre inconnue. Cette scène en bronze d’obédience romaine ornait autrefois un char cérémoniel. Elle constitue la pièce centrale et le point de départ symbolique de l’exposition d’archéologie proposée par Bernard Blondeel. C’est en effet à un voyage imaginaire en Méditerranée que nous convie le maître des lieux. Une centaine de pièces de qualité musée fait le tour des grandes cultures qui se sont succédées autour de la Grande bleue. La pièce la plus ancienne est un bol iranien du Ve millénaire, à rattacher aux premières sociétés agro-pastorales. Les débuts de l’écriture sont évoqués par une tablette en terre cuite (vers 2350 av. J.-C.), dont les signes cunéiformes gardent la mémoire d’une comptabilité complexe – ici des allocations de pain et de bière. Après la Mésopotamie, on aborde l’Égypte avec une remarquable jarre en albâtre arborant l’inscription « Aménophis III, Seigneur du jubilé ». On l’avait entraperçue en 1993 au Grand Palais, lors de l’exposition sur « Le pharaon soleil ». On poursuit le périple avec une belle sélection de pièces marquées du sceau du génie grec, notamment deux rhytons à tête zoomorphe et un silène en bronze aux yeux incrustés d’argent. Pour finir, on retrouve l’art romain dans sa création la plus originale : le portrait. Avec un Caracalla jeune, dont la douceur des traits attendrirait presque, quand l’histoire de son règne et les récits de sa folie peu ordinaire n’inclineraient guère à la clémence.

PARIS, galerie Blondeel-Deroyan, jusqu’au 18 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Cupidon, aurige de l’âme antique

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