Les murs de peintres

En Italie, la revisitation et la remise à jour de la création artistique des années 20, 30, 40, années du fascisme, bat son plein après 40 ans de purgatoire aisément compréhensible. Une des caractéristiques de la création de cette époque est la redécouverte de la peinture murale, souvenir nostalgique des fresques et mosaïques romaines, et aussi outil politique de propagande très utile. « La peinture murale est une peinture sociale par excellence. Elle travaille sur l’imagination populaire plus directement qu’aucune autre forme de peinture et elle inspire plus directement les arts dits mineurs... », ainsi s’exprimaient les peintres Sironi, Campigli, Carrà et Funi pour présenter en 1933 leur Manifeste de la peinture murale. Certes, durant le fascisme, les artistes avaient de très nombreuses commandes publiques, ce qui facilitait bien les choses ! Cette « reconquête du mur » n’avait pas lieu uniquement dans des pays totalitaires comme l’URSS par exemple. Elle était bien dans l’esprit du temps. Ainsi en France avec Dufy ou Léger, mais aussi au Mexique avec les Muralistes.
En Italie, retour au passé oblige, on va même jusqu’à réutiliser des techniques anciennes comme celle de l’encausto, et on recouvre régulièrement les parois des Triennales milanaises, des Biennales vénitiennes, ou de l’exposition de l’Eur 42 à Rome. Mais ces fresques sont aussi du meilleur effet à bord des transatlantiques comme le mythique Rex, ou encore dans les demeures prestigieuses comme les fresques de Severini pour la maison des Sitwell à Montefugoni en 1921. Sans oublier les grandes décorations futuristes, malheureusement souvent disparues aujourd’hui, mais présentes dans l’exposition par des dessins et des photographies d’époque.