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Variations sur la disparition

L'ŒIL

Le 1 février 2000 - 255 mots

Un contemporain de Léonard tentant de déchiffrer une œuvre de Marc Desgrandchamps y verrait peut-être un feuillet d’études, où l’artiste esquisse un détail de nu contigu à un morceau de paysage sans grand souci de cohérence, ni d’échelle. Un « anachronisme » que le peintre qualifie lui même de « collision » : paire de jambes esseulée flanquée d’un tronc d’arbre, corps dilué dans un paysage délavé, corps acéphale surdimensionné repoussant les limites du cadre poncuent en effet sa création. De ces ruptures d’espaces, apparitions et disparitions émerge cependant une constante, le corps féminin et le paysage demeurent inextricablement liés. Pour lui la femme est paysage, comme pour Balzac elle était lys dans la vallée : « Si cette femme, la fleur de son sexe, habite un lieu dans le monde, ce lieu le voici ». Analogie que l’on retrouve chez Verlaine dans Clair de lune : « Votre âme est un paysage choisi » ou chez Baudelaire dans L’invitation au voyage : « aimer et mourir, au pays qui te ressemble ! » Cependant, si, jusqu’à présent, les variations de Marc Desgrandchamps conjuguaient la fragmentation du corps à tous les temps et son absorption latente par le paysage, il semble qu’aujourd’hui l’artiste se tourne davantage vers une « peinture de l’effondrement », vers un glissement de l’image vers le bas du tableau. Peut-être sommes nous à même d’y voir une description des incertitudes de l’artiste face à notre condition humaine, à notre passage obligé, entre grandeur et décadence.

PARIS, galerie Zürcher, 1er février-2 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°513 du 1 février 2000, avec le titre suivant : Variations sur la disparition

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