musée

À l’ombre de Munch et de Strindberg

L'ŒIL

Le 1 mars 2000 - 242 mots

Ernst Josephson (1851-1906) est une figure centrale et pourtant méconnue de l’histoire du symbolisme et de l’expressionnisme. Stockholmois d’origine bourgeoise et juive, incarnation même du peintre de génie marginalisé par le milieu artistique conservateur, Josephson ruine sa santé et finit en 1888, dans un asile d’aliénés à Uppsala, continuant pourtant à peindre et à dessiner. L’influence de Manet et des impressionnistes sur son œuvre date de son premier séjour en France, de novembre 1873 à mai 1874, alors qu’il était élève de Gérôme (Au piano, 1874-1876). En novembre 1884, Josephson offre une esquisse de son troublant Génie des eaux au frère de Van Gogh, Theo, marchand d’art clairvoyant. Plus qu’aucun autre peintre suédois de l’époque, Josephson était porté à l’introspection, très marqué par les écrits du mystique Swedenborg. Ses peintures et dessins symbolistes (Le Saint Sacrement), comme ses innombrables poésies (Roses noires, Roses jaunes), expriment ses états d’âmes, sa joie exubérante, ses rares instants de bonheur, sa longue et profonde solitude, le développement tragique de sa santé. Son trait de crayon souple et continu si caractéristique (Le Viking) ainsi que sa gamme colorée contrastée ont guidé des générations d’artistes : le fauve Isaac Grünewald, le naïviste Nils de Dardel, les expressionnistes Emil Nolde et Oskar Kokoschka, le surréaliste Tristan Tzara et, plus étonnant encore, Picasso, Matisse et Cocteau, sans doute par l’intermédiaire du mécène, collectionneur et directeur des Ballets suédois à Paris, Rolf de Maré (L’Œil n°486).

COPENHAGUE, Ordrupgaard, jusqu’au 24 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°514 du 1 mars 2000, avec le titre suivant : À l’ombre de Munch et de Strindberg

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